Cédric - Mardi 18 Juin 2024

Voici enfin pourquoi les hommes et les femmes perçoivent la douleur différemment

Les différences de perception de la douleur entre les sexes seraient liées aux nocicepteurs, des cellules nerveuses spécialisées, selon une étude récente de l'Université de l'Arizona, publiée dans Brain. Les chercheurs ont identifié pour la première fois des différences fonctionnelles entre les nocicepteurs masculins et féminins, ouvrant la voie à une médecine de précision tenant compte du sexe des patients pour le traitement de la douleur.


Image d'illustration Pixabay

Les recherches sur des souris et des singes, dirigées par Frank Porreca, directeur de recherche au Comprehensive Center for Pain & Addiction de l'Université de l'Arizona, ont démontré que les nocicepteurs, les cellules nerveuses responsables de la perception de la douleur, sont différentes chez les mâles et les femelles. Cette découverte permettrait de développer des traitements plus efficaces pour gérer la douleur chez les hommes et les femmes de manière distincte.


L'équipe s'est concentrée sur l'excitabilité des nocicepteurs situés près de la moelle épinière, dans le ganglion de la racine dorsale. Ces cellules, lorsqu'elles sont activées par une blessure ou un dommage, envoient un signal au cerveau via la moelle épinière, entraînant la perception de la douleur. Les nocicepteurs peuvent s'adapter aux blessures, par exemple en augmentant leur sensibilité après un coup de soleil, ce qui rend des stimuli normalement inoffensifs douloureux.

Pour comprendre ces différences, les chercheurs ont testé l'effet de la prolactine et de l'orexine B sur les seuils d'activation des nocicepteurs. La prolactine est une hormone impliquée dans la lactation, tandis que l'orexine B est un neurotransmetteur qui favorise l'éveil. Ils ont utilisé des échantillons de tissus de souris, de primates non humains et d'humains, mâles et femelles. Les résultats ont montré que la prolactine sensibilise uniquement les nocicepteurs féminins, tandis que l'orexine B sensibilise uniquement les nocicepteurs masculins.

Ces découvertes indiquent que les mécanismes sous-jacents de la douleur sont différents entre les sexes. En bloquant la signalisation de la prolactine, les chercheurs ont réduit l'activation des nocicepteurs chez les femelles, sans effet chez les mâles. Inversement, bloquer l'orexine B a diminué l'activation des nocicepteurs chez les mâles, sans impact chez les femelles.

Ces résultats suggèrent que les traitements de la douleur pourraient être améliorés en ciblant spécifiquement les mécanismes propres à chaque sexe. Par exemple, les troubles de la douleur plus fréquents chez les femmes, comme la migraine et la fibromyalgie, pourraient bénéficier de traitements qui empêchent la sensibilisation induite par la prolactine. De même, cibler l'orexine B pourrait améliorer la gestion de la douleur chez les hommes.

Frank Porreca et son équipe prévoient de continuer leurs recherches pour identifier d'autres mécanismes de douleur sexuellement dimorphiques. Ils espèrent que ces travaux permettront de développer des traitements plus précis et efficaces pour les hommes et les femmes, en intégrant la dimension sexuelle dès la conception des thérapies contre la douleur.
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