Diverses modélisations sur ordinateur ont permis à deux scientifiques de l'université de Berkeley de démontrer que la vie sur Terre s'est épanouie et a disparu en suivant un cycle régulier, depuis la grande "explosion cambrienne" remontant à 560 millions d'années, jusqu'à nos jours.
Les deux chercheurs, Richard Muller et Robert Rohde, sont des physiciens et non des biologistes ou paléontologues. Pour réaliser cette étude, ils ont construit durant quatre années la base de données la plus complète à ce jour, comprenant les premières et dernières traces de 36.380 genres marins déclinés en plusieurs millions d'espèces qui ont par le passé prospéré dans toutes les mers du globe, avant de disparaître presque complètement, et quelquefois réapparaître.
Leurs résultats montrent clairement un surprenant cycle répétitif de 62 millions d'années, se terminant par une extinction massive s'étalant sur quelques millions d'années puis par une reprise de la biodiversité jusqu'au cycle suivant.
Le professeur James Kirchner, spécialiste des sciences terrestre et planétaire à Berkeley, s'est déclaré enthousiasmé par cette découverte, car "les cycles mis en graphique sautent tout naturellement aux yeux" et ne laissent pas la moindre place au doute. Il ajoute qu'il s'agit là d'une voie de recherche passionnante, inattendue et inexpliquée où tout reste à découvrir.
Muller et Rohde n'ont pu, jusqu'à présent, apporter la moindre explication à cette période de 62 millions d'années. "Nous avons tenté de corréler cette durée avec la dynamique du Système solaire, la genèse des comètes, la rotation de la galaxie, l'activité tellurique de la Terre, mais rien ne semble correspondre à cette étrange période.
Rohde déclare que l'idée de cette recherche lui était venue lorsqu'il avait eu en mains une base de données créée sur ordinateur, comprenant 560 pages d'espèces marines fossilisées, développée en 1991 par John Sepkoski, un paléobiologiste célèbre de l'université de Chicago, aujourd'hui décédé. Sepkoski avait suggéré que l'évolution suivait un cycle de 26 millions d'années, mais l'étude approfondie de Muller et Rohde montre de façon saisissante un second cycle bien plus long.
Plusieurs hypothèses sont émises pour expliquer cette période. Ainsi, une planète X pourrait évoluer sur orbite solaire très elliptique de 62 millions d'années, et régulièrement perturber le nuage d'Oort situé à la frontière du Système solaire d'où se dégageraient alors des noyaux cométaires susceptibles d'entrer en collision avec la Terre. Rohde estime que le volcanisme terrestre pourrait obéir à un cycle naturel de 62 millions d'années, provoquant des éruptions massives et l'anéantissement de la plupart des formes de vie.
L'explication préférée de Muller serait que le Système solaire traverse un bras particulièrement massif de notre galaxie tous les 62 millions d'années, et que les perturbations gravifiques pourraient entraîner des pluies de comètes extrêmement destructives.