Des chercheurs américains viennent de réussir à développer de nouveaux capteurs neuronaux, permettant de décoder les signaux de neurones et de les transformer en mots, de manière bien plus efficace que précédemment. Il s'agit d'une grande avancée dans le traitement de l'aphasie.
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Ce n'est pas une, mais deux équipes de chercheurs qui viennent de partager leurs résultats. Tout d'abord une équipe de l'Université de Californie à San Francisco, et une seconde de l'Université Stanford. Ces scientifiques viennent d'annoncer avoir réussi à développer des décodeurs capables d'interpréter les mots pensés par une personne, à une vitesse encore jamais atteinte. Une personne parle normalement à un rythme de 150 à 200 mots par minute. Les capteurs développés par ces équipes sont capables de décoder à un rythme de 78 mots par minute pour la première et de 60 mots par minute pour la seconde, avec un taux d'erreur moyen de 25%.
Les deux équipes sont parvenues à abaisser le taux d'erreur sous les 10% lorsqu'ils ont limité les tests à du vocabulaire réduit (moins de 100 mots). Ces performances sont cinq fois meilleures que celles mentionnées dans les précédentes études réalisées dans le domaine. En effet, une telle opération avait été réussie il y a plusieurs années, mais nécessitait de grands efforts pour arriver à exprimer une quinzaine de mots par minute. Par ailleurs, contrairement aux précédents modèles développés, les patients ne sont pas contraints d'entraîner l'algorithme pendant de longs mois avant d'arriver à des performances intéressantes.
L'une des équipes a utilisé une plaque remplie de microprocesseurs, qu'elle a positionnée à la surface du cerveau, juste sous le cuir chevelu, lui permettant d'interagir avec des milliers de neurones intervenant dans le langage. C'est cette technique qui a réussi à atteindre le rythme de 78 mots par minute. Les scientifiques ont par ailleurs complété cette méthode par un algorithme capable de générer des animations faciales adaptées, que le patient peut également contrôler par la pensée.
L'autre équipe a quant à elle implanté des puces à l'intérieur du cerveau, interagissant avec un nombre bien plus limité de neurones mais pour autant tout aussi efficace. A leur grande surprise, ils ont constaté que lorsque les puces sont situées près de l'aire de Broca (une zone du cerveau connue pour être associée au langage), l'efficacité était en fait médiocre.
Utilisation par une patiente souffrant d'aphasie, d'une nouvelle méthode lui permettant de communiquer grâce à l'implantation de puces électroniques dans son cerveau
La vidéo ci-dessus illustre une américaine de 68 ans, réussissant à parler à nouveau grâce à des capteurs implantés dans son cerveau, alors même qu'elle n'était plus en mesure de parler depuis des années du fait de la maladie de Charcot.
L'aphasie touche près de 300 000 personnes chaque année en France. Ce trouble du langage est généralement causé par des lésions cérébrales dues à un accident vasculaire cérébral (AVC), un traumatisme crânien, ou une maladie dégénérative comme la maladie d'Alzheimer. Espérons que ces recherches se poursuivent pour encore améliorer ces méthodes, et qu'elles puissent donner lieu à terme à une solution concrète à apporter à ces nombreuses personnes.