Adrien - Dimanche 22 Décembre 2024

Une version obsolète de ChatGPT jugée plus humaine que Shakespeare 📜

Les frontières entre l'humain et l'intelligence artificielle (IA) se brouillent encore davantage. Une récente étude révèle que les lecteurs peinent à distinguer la poésie générée par une IA de celle écrite par des auteurs célèbres. Une tendance qui intrigue autant qu'elle interroge sur la perception artistique.


Menée par Brian Porter et Edouard Machery, de l'Université de Pittsburgh, cette étude s'est intéressée à 1 634 participants. Ces derniers devaient différencier des poèmes rédigés par des géants littéraires, tels que William Shakespeare ou Emily Dickinson, et d'autres produits par ChatGPT 3.5, une version maintenant obsolète de l'intelligence artificielle générative d'OpenAI.

Les résultats ont surpris: les participants attribuaient plus souvent les poèmes de l'IA à des humains. Et parmi les textes les moins reconnus comme "humains", tous étaient issus de poètes bien réels.


Une seconde expérience, impliquant 696 participants, visait à évaluer 14 caractéristiques des poèmes comme leur qualité, leur beauté ou leur originalité. L'objectif: comprendre comment le contexte d'origine des textes influençait ces jugements. Certains participants pensaient au préalable que les poèmes étaient écrits par des humains, d'autres par une IA, tandis que le dernier groupe ne recevait aucune indication.

Les résultats montrent une nette influence des attentes. Ceux qui croyaient que les textes étaient générés par une IA évaluaient plus sévèrement les poèmes, qu'ils soient réellement produits par une machine ou non. À l'inverse, les participants sans indication particulière tendaient à apprécier davantage les textes de l'IA.

Pourquoi une telle confusion ? Les chercheurs avancent plusieurs hypothèses. La poésie humaine, souvent dense et complexe, peut sembler incohérente, un trait habituellement attribué à l'IA. À l'opposé, les poèmes générés par IA sont généralement plus clairs et accessibles. Cette simplicité pourrait séduire les lecteurs, qui la perçoivent comme une preuve d'habileté humaine.

Les préjugés jouent également un rôle clé. On s'attend instinctivement à ce que l'humain dépasse la machine dans des domaines aussi artistiques. Ainsi, lorsqu'un poème facile à comprendre est découvert, on suppose naturellement qu'il s'agit d'un travail humain.

Cette étude soulève des questions sur les critères esthétiques et les limites de la créativité humaine face aux algorithmes. En repoussant les frontières de l'art, l'IA redéfinit aussi notre manière de l'apprécier.
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