Les avancées prometteuses du projet français de "Plateforme d'observation géostationnaire pour la qualité de l'air" (POGEQA) ont été discutées au cours d'un colloque qui s'est tenu du 16 au 18 mars 2011 à Toulouse. POGEQA est la première étape d'un projet plus vaste visant la construction d'un service intégré de prévision de la qualité de l'air incluant des observations satellitaires. À terme, ce sont trois satellites géostationnaires (Europe - Asie - Amérique) qui devraient voir le jour.
Soutenu depuis 2010 par la Fondation de coopération scientifique STAE (Sciences et technologies pour l'aéronautique et l'espace), le projet de "Plateforme d'observation géostationnaire pour la qualité de l'air" (POGEQA) vise à étudier l'intégration d'un volet "données satellitaires" aux systèmes actuels de prévision de la qualité de l'air. L'objectif à plus long terme est d'aller vers un service intégré de surveillance et de prévision de la qualité de l'air incluant l'assimilation d'observations in situ et satellitaires dans les modèles et se situant dans la dynamique de GMES (Global monitoring for environment and security) et de GEOSS (Global earth observation system of systems).
Dans le cadre du projet POGEQA, il s'agit:de concevoir conceptuellement un capteur spatial dédié à la mesure, à haute fréquence temporelle et haute résolution spatiale, de l'ozone et du monoxyde de carbone (CO) dans la troposphère, dont la très basse troposphère, sachant que seul un capteur sur orbite géostationnaire peut répondre à ces spécifications ;d'optimiser ce capteur à l'aide d'un simulateur numérique (simulation des données qu'un tel capteur pourrait mesurer dans une atmosphère donnée) ;
Simulation avec le modèle MOCAGE de la colonne partielle d'ozone (de 0 à 3km d'altitude) pour le 01/07/2009 à 12 UTC réalisée en utilisant les caractéristiques d'un instrument infrarouge optimisé pour la mesure de la qualité de l'air et embarqué à bord d'un satellite géostationnaire. de concevoir et mettre en oeuvre un système d'assimilation de données permettant d'intégrer des données satellitaires à fine échelle dans les modèles de prévision de la qualité de l'air, en plus des données in situ ;d'évaluer la valeur ajoutée apportée par ces nouvelles données aux prévisions de la qualité de l'air.Les équipes engagées dans POGEQA ont déjà développé un simulateur numérique d'un capteur géostationnaire et montré les améliorations apportées par les données de ce simulateur dans un cadre de prévision de la qualité de l'air.
Du 16 au 18 mars 2011, un meeting international de mi-parcours de POGEQA a eu lieu à Toulouse, en présence d'une quarantaine de scientifiques, dont une dizaine d'experts étrangers. Outre les équipes françaises, ce colloque réunissait les deux autres équipes travaillant actuellement sur le même sujet dans le monde: des scientifiques américains du Harvard-Smithsonian center for astrophysics, du Jet propulsion laboratory (JPL) et du National center for atmospheric research (NCAR) regroupés autour du projet GEO-CAPE de la NASA et l'équipe sud-coréenne porteuse du projet GEMS (Geostationary environment measurement spectrometer).
Au cours de ce meeting, la construction d'une constellation de trois satellites géostationnaires (Europe - Asie - Amérique) dédiée à la surveillance de la qualité de l'air à l'échelle mondiale, et embarquant donc des instruments permettant de suivre en particulier les concentrations en ozone et CO dans les basses couches de l'atmosphère, a été discutée. La mission GEO-CAPE de la NASA est prévue pour 2020 et le projet coréen GEMS vers 2018. Pour l'Europe, la mission franco-allemande MAGEAQ (Monitoring of the atmosphere from geostationary orbit for european air quality), qui est pilotée par les équipes toulousaines (LA et CNRM) avec la participation du LISA et du Karlsruhe institute of technology en Allemagne, sera proposée à l'Agence spatiale européenne (ESA) dans le cadre soit du programme Earth explorer 9, soit de futures missions GMES.
Ce colloque a également mis en évidence l'avance des équipes françaises par rapport à leurs collègues américains et sud-coréens dans les domaines de l'assimilation de données et de l'optimisation par modélisation numérique des caractéristiques du projet d'instrument spatial MAGEAQ.
Enfin, un dernier résultat de ce colloque a été le fort intérêt porté au projet français de développer un prototype aéroporté de MAGEAQ. Ce prototype serait embarqué dans les avions de recherche du Service des avions français instrumentés pour la recherche en environnement (Safire, CNRS / INSU Paris / CNES / Météo-France), en ballon ou bien encore dans l'avion Global Hawk de la NASA.