Isabelle - Vendredi 27 Octobre 2017

Dans le ventre du patient virtuel

Le simulateur virtuel, un précieux outil pour l'apprentissage d'une exigeante technique chirurgicale

Avant de prendre les commandes d'un avion, un apprenti pilote fait ses classes sur un simulateur de vol jusqu'à ce qu'il ait acquis les habiletés requises pour maîtriser l'appareil et pour composer avec des situations d'urgence. Les mêmes règles devraient s'appliquer pour les résidents en médecine qui apprennent une technique chirurgicale appelée laparoscopie, fait valoir une équipe de la Faculté de médecine dans un récent numéro du Journal of the Society of Laparoendoscopic Surgeons.


Photo: Louise Leblanc
La première auteure de l'étude, Joalee Paquette, a elle-même profité du simulateur virtuel de la Faculté de médecine pour se familiariser avec la laparoscopie pendant sa résidence en gynécologie-obstétrique. Grâce à cet outil, l'apprentissage de cette technique chirurgicale exigeante se fait dans un contexte où il n'y a pas de stress, pas de contraintes de temps et pas de risque pour les patients, souligne-t-elle. De plus, l'appareil fournit une rétroaction immédiate sur la performance.


Utilisée dans plusieurs spécialités médicales, dont la gynécologie-obstétrique, la laparoscopie est une intervention chirurgicale réalisée à l'aide d'une caméra et d'instruments insérés dans la cavité abdominale par des ouvertures de moins de 10 millimètres. Le chirurgien réalise l'opération en regardant un écran montrant l'intérieur de l'abdomen. Peu invasive, la laparoscopie réduit les pertes sanguines, les risques d'infection et la durée d'hospitalisation et de convalescence. "Elle requiert toutefois beaucoup de dextérité parce qu'on travaille avec de petits instruments dans un espace restreint, signale Joalee Paquette, résidente en gynécologie-obstétrique. De plus, il faut être en mesure de se représenter en trois dimensions ce que l'on voit sur un écran en deux dimensions. Enfin, contrairement à la chirurgie classique, on ne peut pas utiliser nos mains pour toucher les tissus."

Pour la sécurité des patients et pour des raisons économiques, le bloc opératoire n'est pas un lieu propice à l'apprentissage de cette exigeante technique. Pendant longtemps, les résidents ont appris à en maîtriser les rudiments en pratiquant sur des cadavres ou des animaux. Ces approches ont progressivement été délaissées au profit de la boîte de pratique. "Il s'agit d'une boîte dans laquelle se trouve une caméra fixe reliée à un écran. On y insère les instruments pour pratiquer des exercices simples, par exemple couper une ficelle ou faire un noeud, dans un environnement qui ne ressemble pas du tout à la cavité abdominale", explique Joalee Paquette.

L'arrivée du simulateur virtuel pourrait changer les choses. Grâce à cet outil, l'usager manipule de véritables outils, mais ce sont les images de ceux-ci qui apparaissent à l'écran dans un environnement virtuel pouvant reproduire les structures anatomiques. Chaque geste est analysé et évalué par l'appareil, ce qui permet une rétroaction rapide sur la performance. De plus, les gestes posés à l'aide de cet instrument s'apparentent davantage à ceux que le résident sera appelé à poser au bloc opératoire.


Pour déterminer l'efficacité de ce mode d'apprentissage, Joalee Paquette, Madeleine Lemyre, Chantale Vachon-Marceau, Emmanuel Bujold et Sarah Maheux-Lacroix ont demandé à 13 résidents juniors (1re ou 2e année) et à 11 résidents seniors (3e à 5e année) en gynécologie-obstétrique à l'Université Laval de participer à deux séances d'entraînement de 90 minutes sur simulateur. Ces séances se sont déroulées à plus d'une semaine d'intervalle et, chaque fois, les participants devaient exécuter 9 tâches laparoscopiques de base à 5 reprises.

L'analyse des performances de chaque résident montre qu'après deux séances, les juniors ont déjà amélioré leur précision, leur vitesse d'exécution et leur performance globale. Chez les seniors, dont certains avaient déjà eu un entraînement en laparoscopie, le gain est surtout noté du côté de la vitesse d'exécution. "Le simulateur virtuel est un outil pédagogique efficace qui devrait être intégré aux programmes de résidence en obstétrique-gynécologie. Il faudrait que les résidents fassent la démonstration qu'ils maîtrisent les habiletés techniques de la laparoscopie sur un simulateur avant de participer à une véritable chirurgie", concluent les auteurs de l'étude.

La première auteure de l'étude, Joalee Paquette, a elle-même profité du simulateur virtuel de la Faculté de médecine pour se familiariser avec la laparoscopie pendant sa résidence en gynécologie-obstétrique. Grâce à cet outil, l'apprentissage de cette technique chirurgicale exigeante se fait dans un contexte où il n'y a pas de stress, pas de contraintes de temps et pas de risque pour les patients, souligne-t-elle. De plus, l'appareil fournit une rétroaction immédiate sur la performance.
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