Cédric - Mardi 2 Septembre 2025

🌡️ Les vagues de chaleur nous feraient vieillir autant que le tabac ou l'alcool

Les chaleurs extrêmes ne se contentent pas d'éprouver notre organisme au quotidien. Elles pourraient aussi influencer la vitesse à laquelle nos cellules vieillissent. Les chercheurs s'intéressent de plus en plus à ce lien discret mais profond entre vagues de chaleur et usure prématurée du corps.

Connues pour perturber le sommeil ou aggraver des maladies chroniques, les vagues de chaleur révèlent aujourd'hui un impact plus sournois: l'accélération du vieillissement biologique. Publiée dans Nature Climate Change, une vaste étude menée à Taïwan éclaire cette relation inattendue. Elle suggère que le réchauffement climatique, en multipliant les canicules, pourrait aussi transformer notre rapport au temps qui passe dans nos organismes.



Un vieillissement mesuré sur des milliers de personnes


Près de 25 000 habitants de Taïwan ont été suivis pendant une quinzaine d'années. Leur âge biologique a été estimé grâce à une série d'indicateurs de santé, allant de la tension artérielle aux paramètres hépatiques. Les chercheurs ont ensuite croisé ces données avec l'exposition des participants aux vagues de chaleur. Les résultats ont montré un écart croissant entre âge réel et âge biologique dans les zones les plus chaudes. Chez le quart le plus exposé, le vieillissement s'accélérait d'environ 3 % par an. Les travailleurs manuels et les habitants des zones rurales, souvent sans climatisation, figuraient parmi les plus affectés.


Ce constat ne se limite pas à l'Asie. Aux États-Unis, une autre étude menée sur plus de 3 600 personnes âgées a récemment mis en évidence des altérations chimiques de l'ADN liées à la chaleur. Ces modifications constituent des signes objectifs de vieillissement accéléré.

Les conséquences ne sont pas uniquement théoriques. Elles se traduisent par une augmentation du risque d'infarctus, d'accidents vasculaires cérébraux ou de diabète, des pathologies qui pèsent fortement sur l'espérance de vie. Certains chercheurs comparent l'impact global de l'exposition répétée à celui du tabagisme ou de la consommation excessive d'alcool.

Les mécanismes biologiques de l'usure thermique


Plusieurs pistes biologiques sont explorées pour comprendre cette influence de la chaleur sur le vieillissement. La réduction de la longueur des télomères, ces fragments protecteurs situés aux extrémités des chromosomes, figure parmi les hypothèses principales.

D'autres chercheurs évoquent des dommages directs sur l'ADN, qui altéreraient la stabilité génétique des cellules. Les mitochondries, essentielles à la production d'énergie, seraient elles aussi fragilisées par la chaleur. Ces atteintes aboutiraient à une sénescence cellulaire, étape où la cellule cesse de se diviser et entre dans une phase de dégradation. Ce processus contribue au vieillissement global de l'organisme.

Les populations ne réagissent pas toutes de la même manière. L'âge, l'état de santé, mais aussi le mode de vie jouent un rôle. Une personne âgée déjà fragilisée par plusieurs vagues de chaleur pourrait subir un vieillissement plus marqué qu'un adulte jeune. Le fait de travailler en extérieur ou de vivre sans climatisation amplifie encore les effets observés.

Les chercheurs soulignent enfin que les climatiseurs ne constituent pas une solution durable. Ils apportent un confort individuel, mais rejettent de la chaleur à l'extérieur, aggravant les conditions pour ceux qui en sont privés. Ces éléments rappellent que le vieillissement accéléré lié à la chaleur n'est pas uniforme mais dépend d'une combinaison de facteurs biologiques, sociaux et environnementaux.
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