Bientôt 30 ans que l'on a identifié des cas suspects de pneumonie dans la communauté homosexuelle de San Francisco: sans avoir encore de nom, le SIDA commençait à faire parler de lui.
Si depuis 1996, les cocktails d'antiviraux ont montré leur efficacité à réduire à des niveaux indétectables la présence du virus et ont fait du SIDA, tout du moins dans les pays occidentaux, une maladie chronique, l'espoir depuis longtemps évoqué d'un vaccin préventif, a jusqu'à présent fait long feu. Ce n'est toujours pas d'un vaccin préventif dont parle un nouveau travail scientifique mais d'un vaccin thérapeutique qui ouvre cependant des perspectives intéressantes. Il s'agit d'un travail principalement réalisé à Barcelone (13 des 17 chercheurs, 3 des 4 autres scientifiques étant de l'INSERM-Université Pierre et Marie Curie à l'hôpital Pitié-Salpêtrière à Paris) et qui implique les deux pontes du SIDA de la capitale catalane, les professeurs Clotet (IrsiCaixa) et Gatell (Hivacat).
Ce travail paru dans la revue
Journal of Infectious Diseases et accessible en ligne, rend compte des résultats obtenus lors d'un essai clinique de phase I sur des porteurs du VIH: 24 semaines après la première des trois injections, les patients vaccinés présentaient une réponse immunitaire renforcée et une charge virale trois fois plus faible que celle du groupe de contrôle. Cette baisse que les auteurs définissent de modeste, s'est maintenue au moins 48 semaines.
Ce vaccin est en fait un vaccin sur mesure: à partir du sang de chacun des patients, les chercheurs ont récupéré d'une part le virus du SIDA qu'ils ont inactivé par chauffage et d'autre part les cellules dendritiques (les cellules du système immunitaire). Ils ont ensuite cultivé ces cellules au contact du virus pour leur "apprendre" à attaquer le virus. Ce sont ces cellules qui ont été injectées à chacun des patients. Cette stratégie n'est pas nouvelle et est tentée dans d'autres groupes de recherche de par le monde mais ce qui est nouveau dans ce travail, ce sont les résultats positifs qui ont été obtenus.
Faisable, sûre et bien tolérée, pour reprendre les adjectifs utilisés par les chercheurs dans leur publication, cette stratégie se révèle donc porteuse d'espoir même si le côté "sur-mesure" en sera toujours une limitation. L'idée à termes, si les essais à venir validaient l'approche thérapeutique, serait de traiter un patient avec des antiviraux puis de le vacciner pour maintenir sans l'aide des médicaments, la charge virale très faible. C'est le sens des nouveaux essais qui sont en cours et dont les chercheurs pensent avoir des résultats d'ici un an. A suivre...