Michel - Mardi 6 Mars 2007

Tempête de sable sur la mer vue de l'espace

Le 10 février dernier, une gigantesque tempête de sable née au-dessus du désert libyen a traversé la Méditerranée pour terminer sa course en Italie. Un phénomène particulièrement bien visible depuis l'espace.


La tempête de sable du 10 février 2007 observée par l'instrument Meris.
Cliquer sur l'image pour l'agrandir

Lorsque 2 masses d'air s'affrontent, la plus froide, plus dense, glisse sous la plus chaude et la soulève. C'est exactement ce qui s'est passé ce 10 février dans le désert libyen, lorsqu'une masse dense d'air froid en provenance de la gauche de l'image est venue soulever l'air plus chaud qui se trouvait jusque-là au ras du sol. Cet air chaud a alors emporté avec lui les particules de poussière les plus légères, les transportant jusqu'en Italie sous l'œil de Meris, le spectromètre imageur multicanal installé à bord du satellite européen Envisat.

Il n'est pas rare que des masses d'air chaud chargées de poussières désertiques traversent ainsi la Méditerranée, surtout à l'approche du printemps. Et lorsque les vents soufflent de l'est, c'est au-dessus de l'Atlantique qu'elles peuvent s'élancer, retombant alors au gré des vents, le plus souvent dans les Caraïbes mais aussi parfois dans l'ouest de la France.

Ces transports d'aérosols au-dessus des océans sont également une cible de choix pour Parasol, un satellite développé par le CNES avec le Laboratoire d'Optique Atmosphérique de Lille. Parasol parvient en effet à faire le tri entre aérosols d'origine marine (les embruns) ou désertique selon la façon dont ils polarisent la lumière solaire, c'est-à-dire la renvoient dans une direction privilégiée ou non.


Flux d'air froid (bleu) et chaud (rouge)

Durant le trajet, une partie des poussières retombe en mer, fournissant un précieux apport en nutriments minéraux au phytoplancton, la base de toute la chaîne alimentaire marine. Mais ces vents chargés de poussière ne sont pas porteurs que de bons présages.

On les soupçonne ainsi de jouer un rôle dans le blanchiment des coraux des Caraïbes. Et la santé humaine peut, elle aussi, avoir à en souffrir: formées de débris de roches, ces poussières sont très irritantes à forte concentration, déclenchant crises d'asthme et fragilisant les voies respiratoires. C'est ainsi que pourraient s'expliquer les fréquentes épidémies de méningites rencontrées chez les populations sahéliennes à la saison sèche, leurs voies respiratoires irritées offrant aux bactéries plus de points d'entrée dans l'organisme.

Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL
sous le numéro de dossier 1037632
Informations légales