On le sait, du temps des dinosaures, les petits mammifères proliféraient. Qui dit mammifère dit fourrure. Du moins on le suppose, car les processus de décomposition et de fossilisation ne conservent pas, ou très rarement, les parties molles des organismes, pas plus que la fourrure. Aussi, les paléontologues du laboratoire Géosciences de Rennes (INSU-CNRS, Université de Rennes 1) ont-ils été particulièrement contents de découvrir dans l'ambre des Charentes des poils de mammifères datant de 100 millions d'années.
Poils de mammifère, dans de l'ambre des Charentes, datant d'environ 100 millions d'années (Crétacé).
La structure en écaille est bien visible en c et e. La flèche blanche indique ce qui est probablement la limite de la racine.
Sur le schéma, les parties grises correspondent à des restes de matière organique.
Ces poils fossiles sont les plus anciens retrouvés avec une conservation en volume et une microstructure intacte. Les auteurs ont pu constater que les poils, bien que primitifs, sont déjà identiques à ceux de mammifères actuels. Ces fossiles exceptionnels permettent ainsi d'affirmer que la structure actuelle du poil, notamment la forme des écailles microscopiques qui le recouvrent, existe au moins depuis le début du Crétacé.
S'il n'est pas possible de préciser si le propriétaire était un mammifère marsupial ou placentaire - l'équipe de Rennes a découvert en 2009 dans la même carrière des dents appartenant aux plus anciens marsupiaux d'Europe et des dents de mammifères placentaires sont également connues dans les mêmes couches d'une carrière voisine - il est cependant possible de préciser qu'il devait être de la taille d'une souris, et vivait il y a 100 millions d'années dans une forêt de résineux (à l'origine de l'ambre), poussant dans un climat subtropical.