Une simple chute peut-elle révéler bien plus qu'une blessure ? Les chercheurs se penchent sur un phénomène troublant qui lie chutes et déclin cognitif chez les seniors.
Ce lien insoupçonné entre la perte d'équilibre et la démence commence à redéfinir la manière dont on aborde la santé des personnes âgées.
Les chutes chez les seniors ne sont pas seulement des accidents fréquents. Elles pourraient bien être des signes avant-coureurs de troubles cognitifs. Des chercheurs du Brigham and Women's Hospital ont étudié plus de 2 millions de cas de chutes traumatiques.
Leurs résultats, publiés dans
JAMA, montrent qu'une personne âgée ayant chuté présente 21 % plus de risque de développer une démence. Environ 10 % des patients ayant subi une blessure grave ont reçu un diagnostic de démence dans l'année suivante.
Cette corrélation peut être attribuée à deux mécanismes majeurs. Tout d'abord, le déclin cognitif, notamment dans des maladies comme Alzheimer, perturbe la coordination motrice et la perception de l'espace. Cela rend plus difficile pour les personnes âgées de maintenir leur équilibre, augmentant ainsi les probabilités de chutes.
Ensuite, lorsque ces chutes se produisent, le traumatisme qui en résulte, qu'il s'agisse d'une fracture ou d'une simple contusion, génère un stress important pour le corps et le cerveau. Ce stress physique pourrait aggraver les lésions neuronales déjà présentes, accélérant ainsi la progression de la démence et rendant un diagnostic plus probable dans un délai plus court.
Pour les spécialistes, cette découverte ouvre de nouvelles perspectives. Les chutes pourraient bien devenir des indicateurs précoces de la démence, facilitant ainsi un dépistage plus rapide et une prise en charge adaptée.
Les chercheurs appellent donc à inclure systématiquement des examens cognitifs chez les seniors après une chute. Cependant, la mise en pratique reste complexe, notamment en raison des inégalités d'accès aux soins.
Malgré ces obstacles, la recherche souligne l'importance de détecter précocement la démence. Une prise en charge rapide pourrait freiner la perte d'autonomie liée à cette maladie neurodégénérative.