Autour du huitième siècle, une des populations les plus denses de l'histoire de l'humanité vivait en Amérique Centrale, et prospérait grâce à des méthodes très efficaces d'agriculture et d'irrigation. Ses citoyens ont pu construire des monuments impressionnants, mais après des siècles de croissance, cette civilisation a disparu. Aujourd'hui, il est possible d'errer parmi les ruines d'une métropole maya sans s'en rendre compte. Les jungles de l'Amérique Centrale sont assez denses pour dissimuler des objets situés à peine à quelques mètres. Mais, alors qu'au sol il est possible de passer à coté de ces sites, les scientifiques ont récemment découvert que les satellites pouvaient les détecter depuis l'espace, même lorsque la jungle les avait envahis.
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Le 15 décembre 2002, IKONOS a saisi cette image d'un "bajo" au Guatemala. Les bajos sont les zones de basses terres où l'eau de pluie s'accumule, et que les archéologues suspectent d'avoir été utilisées par les anciens mayas pour l'irrigation de leurs cultures. Cette zone inclut également des ruines de structures mayas. Sur une photo en couleurs naturelles, il serait difficile de discerner les ruines de la canopée verte de la forêt. La meilleure façon de les discerner est de les observer dans les spectres visibles et de l'infrarouge proche, comme sur cette image en fausses couleurs. Ici, la forêt couvrant les sites des ruines semble jaunâtre, par opposition à la couleur rouge de la forêt environnante. La végétation un peu plus clairsemée des bajos apparaît en bleu-vert.
Mais pourquoi ces ruines n'apparaissent-elles que dans les images en fausses couleurs ? Les mayas bâtissaient leurs monuments en pierre à chaux. Lorsque ceux-ci se sont détériorés, ils ont affecté la composition chimique du sol. Certaines plantes se sont éloignées, alors que d'autres étaient détruites ou décolorées. Les conséquences sont encore observables aujourd'hui (les zones jaunâtres), par certains capteurs satellites.
Qu'est-il arrivé à l'ancienne culture qui s'épanouissait ainsi en Amérique Centrale ? Il est probable que la population a succombé à une période de sécheresse naturelle combinée à un déboisement anthropogène. Comprendre comment les mayas ont affecté leur environnement pourrait aider l'homme moderne à faire des choix plus avertis sur la façon de traiter les forêts tropicales d'aujourd'hui.