La news rétro de ce dimanche nous rapporte l'épopée de la traversée de l'Atlantique Sud par un avion trimoteur en 1933.
Avertissement: Cette news rétro retranscrit des connaissances scientifiques, techniques ou autres de 1933, et contient donc volontairement les arguments, incertitudes ou erreurs d'époque.
On a fait beaucoup de bruit autour du voyage de l'
Arc-en-Ciel à travers l'Atlantique Sud. Mais cet exploit n'a pas reçu que des éloges. C'est que ses auteurs avaient une autre ambition que de faire une fois de plus la traversée d'Europe en Amérique et d'exécuter un raid sensationnel: ils ont voulu démontrer l'aptitude normale de cet avion terrestre à la traversée régulière et répétée de l'Océan avec la charge et le nombre de voyageurs prévus par une société de transports aériens.
Il en est résulté des discussions très vives entre partisans de l'hydravion et le l'avion, du multi-moteur et du mono-moteur, des dissentiments sur le poids de charge, le coefficient de sécurité, les modes d'atterrissage, etc., qui ont fait perdre un peu de vue le mérite intrinsèque de l'entreprise, réussie en somme malgré quelques accrocs.
Le constructeur, M. Couzinet, en a cherché le succès dans un avion à 3 moteurs possédant un gros excédent de puissance et accessibles en plein vol aux mécaniciens du bord pour la surveillance et les réparations ; voilà pour la sécurité. Une structure rigoureusement homogène et offrant une grande finesse aérodynamique en devait assurer la vitesse.
L'appareil, construit en bois, mesure 30 mètres d'envergure et 16 mètres de longueur. A vide, il pèse 7 tonnes ; au départ d'Istres, le 12 janvier 1933, il en pesait plus de 14 et demi avec 8600 litres d'essence, 250 litres d'huile et sept passagers à bord: M. Couzinet, les pilotes Mermoz et Carretier, le capitaine Mailloux, un radiotélégraphiste et deux mécaniciens.
Après escales à Port-Etienne, Saint-Louis du Sénégal, Rio de Janeiro, l'
Arc-en-Ciel atteignit son terminus, Buenos-Aires, le 22 janvier, c'est-à-dire au bout de 10 jours seulement, n'obtenant ainsi qu'une vitesse commerciale de 50 km par heure. C'est qu'il fut immobilisé le 13 à Port-Etienne, les 14 et 15 à Saint-Louis, pour des réparations ; les 18, 19 et 20 à Rio de Janeiro par enlisement dans la boue du terrain d'atterrissage, inapte d'ailleurs à recevoir un appareil aussi lourdement chargé.
Mais, en face de ces constatations un peu décevantes, il faut mettre en évidence le temps exclusivement consacré à la traversée de l'Océan: c'est à la vitesse de 221,3 km par heure que, le 16 janvier, de 4 h.48 à 19 h.15, l'
Arc-en-Ciel a traversé les 3200 kilomètres de l'Atlantique ; or l'intérêt primordial de l'entreprise réside évidemment dans l'étape transocéanique. Le dirigeable allemand
Comte-Zeppelin l'a franchie naguère à la vitesse de 100-105 km par heure, et les hydravions, en l'état actuel des choses, ne semblent pas dépasser celle de 160.
L'entreprise de l'
Arc-en-Ciel a posé des problèmes qui sont loin encore d'être résolus et toute conclusion, favorable ou non, serait prématurée, du fait même qu'on en attend de la continuité dans l'effort et dans les résultats. Mais elle donne tout de même un grand poids à l'opinion de ceux qui voient dans l'excédent de puissance des moteurs le secret du succès.