La news rétro de ce dimanche nous expose quelques connaissances de 1928 sur le cerveau.
Avertissement: Cette news rétro retranscrit des connaissances scientifiques, techniques ou autres de 1928, et contient donc volontairement les arguments, incertitudes ou erreurs d'époque.
Ce qu'on sait des localisations cérébrales
On sait pourtant quelque chose. Comment l'a-t-on appris? Par deux moyens, l'observation et l'expérience.
Observations sur des blessés. - On a observé qu'une blessure du cerveau, soit en détruisant les cellules d'une région définie de l'écorce, soit en les isolant de leurs connexions, rendait une fonction impossible. C'est ainsi que la lésion du pied de la troisième circonvolution frontale gauche, ou circonvolution de Broca, entraîne pour le blessé l'incapacité de prononcer aucun mot (aphasie motrice). On en conclut donc à coup sûr que le "centre du langage articulé" se trouve en cet endroit.
Une blessure de la deuxième circonvolution frontale du même côté ne prive le sujet d'aucun mouvement de la main, mais "il ne sait plus écrire" (agraphie). Il ne sait plus lire ou plutôt il lit mais "ne comprend plus ce qu'il lit" (cécité verbale) s'il est blessé au lobule pariétal supérieur gauche. Il entend qu'on lui parle mais "ne comprend plus les mots" (surdité verbale) si la lésion a son siège dans la première circonvolution temporale, etc.
Voilà donc des notions précises. Mais on comprend aisément qu'on n'ait pu les étendre à volonté. Une blessure est un cas fortuit. Il faut beaucoup de cas fortuits pour que s'édifie une science complète. Il faut aussi des lésions bien délimitées et d'un examen facile.
Expérience sur des animaux. L'expérience a beaucoup plus de valeur que l'observation: on la dirige. L'expérimentateur pique, sectionne ou dilacère délibérément un point donné du cerveau et se rend compte ensuite de la fonction supprimée. Mais comme on ne peut expérimenter ainsi que sur des cerveaux d'animaux, singes ou chiens, il faut se résigner à ne connaître par ce moyen que des localisations sensitives et motrices et à rester ignorant de toute localisation psychique ou intellectuelle. C'est pourquoi, en fin de compte, après de multiples observations et expériences, on n'est arrivé à l'heure actuelle à ne connaître avec certitude que les fonctions d'une assez étroite région de l'écorce cérébrale.
Les leçons de la guerre. - L'expérience de la guerre a d'ailleurs fourni matière à des constatations très troublantes. Des blessés ont continué à vivre après avoir perdu de notables portions de leur cerveau, parfois même un lobe entier. Et il n'en est résulté ni désordres intellectuels, ni la perte de la sensibilité d'un territoire, ni paralysies, ni contractures, ni rien. Cela ne veut, à coup sûr, pas dire que des parties du cerveau puissent être sans emploi, sans utilité. Mais cela tendrait au moins à démontrer que tous les groupes des cellules cérébrales ne sont pas également spécialisées dans une fonction, qu'il n'y a pas comme on le croyait une bosse pour chaque aptitude et que, dans une certaine mesure, dans un cerveau anatomiquement complet, les éléments restants peuvent suppléer à la disparition des autres.