Un aperçu de géophysique du siècle dernier dans la news rétro de ce dimanche.
Avertissement: Cette news rétro retranscrit des connaissances scientifiques, techniques ou autres de 1920, et contient donc volontairement les arguments, incertitudes ou erreurs d'époque.
Nous connaissons, indépendamment de la rotation autour de la ligne des pôles et de la translation autour du Soleil, neuf autres mouvements de la Terre, parmi lesquels il convient de citer ceux de la précession et de la nutation, ce qui portait à onze le nombre de ces mouvements connus. Mais voici qu'on en a découvert deux autres: l'un est le déplacement lent des pôles, l'autre est la marée terrestre.
La surface du sol remue
L'écorce terrestre a ses marées, tout comme l'océan, dont les eaux, chaque jour, s'élèvent et s'abaissent alternativement sous l'influence des attractions, tantôt concordantes et tantôt contrariées de la Lune et du Soleil.
La croûte solide que nous foulons est animée, elle aussi, deux fois par jour d'un mouvement rythmique qui, tour à tour, l'élève et l'abaisse d'environ 20 centimètres. C'est ce que confirment les expériences faites au laboratoire de l'Association géodésique internationale.
Les déviations qu'il s'agissait de mesurer étaient extrêmement faibles: environ un centième de seconde d'angle, qui correspondrait à un deux centièmes de millimètre de déplacement à l'extrémité d'un fil à plomb de 100 mètres de long. Il a fallu les artifices les plus ingénieux et l'emploi du "pendule horizontal" pour arriver à les déceler.
Les observations, poursuivies pendant cinq ans, ont donné des résultats absolument concordants, contrôlés par M. Lallemand, membre de l'Institut: l'écorce de la Terre s'élève et s'abaisse alternativement de 20 centimètres, soit du tiers de la valeur océanique au large.
Si nous ne nous apercevons pas, c'est que nous manquons de point de repère, absolument comme le navire en pleine mer ne soupçonne pas l'existence de la marée.
Les vagues de sable
Et, puisque nous comparons l'écorce terrestre à l'océan, comment n'être pas frappé de l'existence de ces dunes de sable, véritables "vagues de sable", qui rident la surface des déserts, comme la houle du large ride la surface des océans ? Ces dunes, par leur lente propagation, peuvent ensevelir des habitations et même des villages, comme cela s'est vu autrefois dans les Landes avant que l'on eût l'idée de fixer le sable par des plantations de pins maritimes. Et actuellement encore, à Berck, il faut chaque année déblayer le sable qui, sans cela, envahirait les étages supérieurs des villas de la plage.
Sous l'action persistante des vents, les "vagues de sable" qui forment les dunes se déplacent perpétuellement et changent sans cesse d'aspect. Le panorama du désert est donc modifié d'un jour à l'autre, et il faut l'instinct sûr des hommes qui parcourent, sur leurs chameaux rapides, ces régions désolées, pour retrouver leur chemin à travers les espaces immenses que le sable recouvre de ses mouvantes ondulations.
Car, en même temps que les dunes se déplacent, elles effacent, en les recouvrant de sable nouveau, les traces des sentiers, les "pistes" tracées par le passage des caravanes antérieures, supprimant ainsi tout guide matériel, tout point de repère à travers l'immensité du désert.
En outre, chaque grain de sable, lancé par le vent contre les roches qui émergent çà et là du manteau de sable, agit sur elles comme un "burin" et y forme une véritable sculpture que les géographes étudient sous le nom d' "érosion éolienne". Cela contribue aussi à modifier l'aspect de ces régions brûlées par les rayons d'un soleil de feu. Et sous l'assaut de ces sables continué pendant des siècles, on comprend que des villes entières, comme autrefois Ninive et Babylone, comme plus récemment, Timgad, aient pu être ensevelies.
Tout est donc vibrations et ondulations à la surface de la Terre. Et celle-ci, même, n'est-elle peut-être qu'une molécule vibrant dans l'infini de l'espace.