La news rétro de ce dimanche illustre certains doutes exprimés sur les ancêtres de l'homme au début du siècle dernier.
Avertissement: Cette news rétro retranscrit des connaissances scientifiques, techniques ou autres de 1905, et contient donc volontairement les arguments, incertitudes ou erreurs d'époque.
Le visiteur qui parcourait en 1900 les galeries des Indes néerlandaises de l'Exposition Universelle s'arrêtait devant une statue de plâtre bruni, représentant un homme, un être humain plutôt, à la face bestiale, au corps solidement musclé, à l'allure lourde et "primitive". S'il se renseignait, il apprenait que cet être humain n'était autre que le Pithécanthrope, notre ancêtre à tous, le chaînon jusque là mystérieux qui doit relier l'homme à l'anthropoïde, pour dire le mot, au singe.
Car, on ne l'ignore pas, on veut à tout prix que nous descendions du singe ! Le singe, il est vrai, le singe le plus approchant de notre humanité, l'orang-outang, le gorille, a encore avec nous de très nombreux points de dissemblance. Peu importe ! A défaut du singe, on a inventé le Pithécanthrope, "chaînon" utile. Le malheur, pour cette séduisante théorie, c'est que le Pithécanthrope n'existe pas. Il n'existe plus du moins ; de ses restes, il n'a été découvert - en supposant qu'ils lui appartiennent - qu'un morceau de crâne, un fémur et deux dents. Et c'est avec ces quatre seuls et insignifiants vestiges qu'a été reconstitué l'Ancêtre dont le "plâtré" problématique figurait à l'Exposition des Indes néerlandaises de 1900.
Un "Homme" reconstruit un peu à la légère. - En 1894, un professeur de géologie de l'Université d'Amsterdam, le Dr Eugène Dubois, découvrait à Trinil, sur le Bengawan, cours d'eau de l'île de Java, dans une assise composée en majeure partie de tufs volcaniques fossilifères, les quatre morceaux ci-dessus dénoncés: crâne, fémur et molaires. Les quatre débris, il est bon de le faire tout d'abord remarquer, n'étaient pas réunis ; ils furent en outre découverts à diverses époques. Appartenaient-ils au même individu ? Il est déjà permis d'en douter.
Soumis à l'examen de savants des deux Mondes, les avis furent loin d'être unanimes. Pour l'une des deux dents par exemple, une troisième molaire sur 21 avis, 4 attribuèrent à l'homme, 6 à un anthropoïde, 8 à un être intermédiaire, à ce Pithécanthrope moitié homme, moitié singe, le "chaînon". Même hésitation pour le plus important des ossements. La calotte crânienne. Tandis que 6 des savants l'attribuaient purement et simplement à l'homme et 6 à un singe encore existant, 8 l'attribuaient au mystérieux intermédiaire.
On conviendra que le doute subsiste. Mais le Dr Dubois n'en persista pas moins à reconnaître dans les quatre infimes ossements recueillis à Trinil, les restes de son Pithécanthrope. Mieux encore, avec ces restes, qui pouvaient à la rigueur tenir dans le creux de la main, il édifia de toutes pièces notre ancêtre tel qu'il est représenté ici, un poignard en bois de renne à la main.
Est-ce là le "chaînon" ? On a bien le droit d'en douter.
A la recherche du "Chaînon". – La découverte et les discussions scientifiques qu'elle souleva avaient eu toutefois un certain retentissement. L'Ancêtre de l'Homme - le chaînon mystérieux - était-il découvert ? Il ne semble pas que les explorateurs envoyés à Java aient retrouvé la moindre trace de l'Ancêtre. Cela n'empêchera du reste pas nombre de gens de croire et de vouloir faire croire que nous descendons du singe, ou du Pithécanthrope - ce qui, au simple examen de la statue reconstituée ci-contre, n'a précisément rien de très flatteur pour notre humanité.
Rappel: Cette news rétro retranscrit des connaissances scientifiques, techniques ou autres de 1905, et contient donc volontairement les arguments, incertitudes ou erreurs d'époque.