La news rétro de ce dimanche nous évoque les perfectionnements de la bicyclette du début du siècle dernier.
Avertissement: Cette news rétro retranscrit des connaissances scientifiques, techniques ou autres de 1902, et contient donc volontairement les arguments, incertitudes ou erreurs d'époque.
Les lignes générales de la bicyclette ne changent plus depuis plusieurs années. Il semble qu'elle en soit arrivée à un état de perfection tel que les modifications qu'elle puisse subir ne soient plus que des améliorations de détail. Depuis que, du domaine du sport pur, la petite reine est passée dans celui de l'utilisation pratique, les inventeurs s'ingénient à la rendre de plus en plus apte à de durs services et à la disposer de façon à ménager le plus possible les forces de son cavalier. C'est ce dernier but que visent surtout les derniers perfectionnements qu'elle vient de subir.
La roue libre
On a donné le nom de
roue libre à un dispositif spécial, grâce auquel le cycliste n'a d'action sur sa machine que pour la faire avancer lorsqu'il pédale
en avant et ne peut aucunement l'arrêter en
contre-pédalant.
Dans une bicyclette à roue libre, les pédales, en tournant dans le sens direct, entraînent la roue motrice, tandis que celle-ci peut tourner
librement sans entraîner les pédales. Par suite, à une descente, la machine roule toute seule sans communiquer aucun mouvement aux pédales et le cycliste reste au repos. Quand celui-ci essaie de contre-pédaler, il n'éprouve aucune résistance et ses pieds tournent à vide.
Le mécanisme "ad hoc" est logé entre le pignon d'arrière et le moyen de la roue motrice. Il est analogue à celui du remontoir d'une montre qui est tel qu'on remonte la montre en tournant le remontoir dans un certain sens et qu'on peut indéfiniment le tourner à vide dans l'autre sens. L'emploi de la roue libre présente, pour le cycliste, une grande économie de travail, car celui-ci profite des moindres déclivités du terrain pour se reposer et laisser sa machine rouler toute seule.
Par opposition, on nomme bicyclette à
roue serve, la machine ordinaire dans laquelle les pédales sont invariablement reliées à la roue motrice. Enfin, on désigne sous le nom de
roue folle, un dispositif grâce auquel le cycliste peut dans une machine à roue serve, lorsqu'il le veut et en marche, rendre les pédales complètement indépendantes de la roue motrice. Dans ce cas, tout se passe comme si on avait brusquement enlevé la chaîne de transmission: les pédales tournent à vide dans les deux sens. Ce mécanisme permet, comme la roue libre, de descendre les côtes avec les pédales au repos ; mais il présente le grave inconvénient de désemparer le cycliste tant qu'il ne s'est pas remis en roue serve. Il n'est donc guère recommandable.
On fait actuellement deux espèces de roues libres:
Les
roues libres à cliquets ou
rochets qui sont très robustes, font un long usage, mais donnent un léger retard dans la
reprise, ce qui veut dire que quand, après avoir laissé les pédales au repos, on reprend le pédalage, on fait une petite fraction de tour de pédales à vide avant d'agir à nouveau.
Les
roues libres à galets, à rouleaux ou
à billes, plus délicates que les précédentes, plus difficiles à bien construire. On les préfère souvent aux premières parce qu'elles n'offrent aucun retard pour la reprise. Quand les rouleaux sont déformés par l'usage, il arrive parfois que, dans une descente, elles se transforment brusquement en roues serves, ce qui peut être très dangereux pour le cycliste. Aussi, quoiqu'elles soient plus en vogue et plus répandues que les premières, sont-elles moins recommandables.
On peut faire transformer n'importe quelle bicyclette ordinaire en roue libre. Le coût de la transformation varie, suivant les modèles, de 15 à 25 francs.
Les freins
Le cycliste, qui monte une machine à roue libre, ne pouvant ralentir sa vitesse en contre-pédalant, doit posséder un ou plutôt
deux bons freins pour pouvoir modérer son allure ou s'arrêter. Comme corollaire de l'emploi de la roue libre, l'usage du frein se généralise de plus en plus et on ne saurait trop le conseiller à tous les touristes.
Le nombre des freins inventés est considérable. On peut les classer en trois grandes catégories:
Le frein à patin sur le bandage, employé depuis longtemps et qu'on installe d'ordinaire sur la roue d'avant. Les modèles les plus récents, très légers, peuvent être facilement installés par le cycliste lui-même ; c'est là leur seul avantage, car ils sont en général peu puissants et détériorent le pneumatique.
Le frein à collier ou à tambour, qu'on adapte d'ordinaire à la roue d'arrière. Le freinage y est obtenu par la friction d'un collier garni de cuir sur un tambour fixé au moyeu de la roue. C'est un frein puisant, progressif, qui n'abîme pas la machine et qui convient parfaitement dans les pays où il n'y a pas de très longues descentes.
Le frein sur jante, formé d'un fer à cheval muni de deux patins étroits et longs qui produisent le freinage en venant frotter sur la jante. C'est le plus puissant de tous les freins ; il est même parfois brutal ; mais c'est le seul qui puisse résister à un usage prolongé dans de longues descentes en montagne. Prix moyen, 20 fr.
La semaine prochaine: Combinaison de roue libre avec frein à contre-pédale et les machines à deux vitesses.