Adrien - Vendredi 13 Avril 2012

Retour sur le séisme du 11 avril 2012 en Indonésie

Quelles sont les caractéristiques du séisme enregistré ce 11 avril en Indonésie ? et du tsunami qui en a résulté ? Un séisme de magnitude 8.7 s'est produit le matin du mercredi 11 avril à 8H39 TU (10H39 heure de Paris) au large de la côte occidentale de l'île indonésienne de Sumatra, à environ 400 km de Banda Aceh. Cette magnitude est inférieure de 0,4 unité à celle du séisme de Sumatra de décembre 2004, ce qui signifie que l'énergie libérée par le séisme est 4 fois plus faible qu'en 2004.

Le tsunami généré a été faible, mais néanmoins détecté dans tout l'océan indien. Les variations mesurées du niveau de la mer ont été de quelques centimètres en pleine mer à proximité de l'épicentre, et au maximum de quelques dizaines de centimètres sur les côtes les plus proches. Localement, en un seul endroit de la côte indonésienne, une variation de l'ordre du mètre a été détectée.


Comment expliquer qu'un séisme de magnitude 8,7 n'entraine pas un tsunami de même ampleur que celui qui a touché ces mêmes côtes en 2004 ? Outre la différence entre les magnitudes (et les énergies) déjà évoquée, la différence principale tient au mécanisme de rupture de la faille. En 2004 il s'agissait d'un mécanisme "de subduction", où une plaque tectonique glisse sous l'autre, entraînant une élévation verticale du fond marin qui se communique à la colonne d'eau et génère un tsunami notable. Ce 11 avril, il s'agissait d'un mécanisme de coulissage horizontal le long d'une faille "transformante", ce qui conduit à une variation beaucoup plus faible du niveau du fond marin et donc à une faible élévation du niveau de la mer.


Schéma du mécanisme de subduction
L'analyse des mesures sismiques des stations les plus proches du séisme a pu être réalisée dans l'heure qui l'a suivi. Assez rapidement, la détermination de sa magnitude et de son mécanisme a permis d'écarter tout risque de tsunami majeur. Les premières mesures du niveau de la mer, disponibles environ une heure après l'évènement, ont permis de confirmer cette absence de risque majeur.

Une alerte tsunami a cependant été lancée par le Centre d'Alerte Tsunami de Hawaii (PTWC) pour tout le bassin de l'Océan Indien, et n'a été levée qu'à 12h36TU (14h36 heure de Paris). Il est important en effet d'attendre le passage de l'essentiel du train d'onde du tsunami sur les côtes les plus proches (la première vague n'étant pas nécessairement la plus forte) avant d'abaisser le niveau de vigilance. En outre, des phénomènes retardés (courants et sèches dans les ports, éboulements sous-marins consécutifs au séisme) peuvent encore se produire localement plusieurs heures après l'arrivée du tsunami principal.


Schéma du mécanisme de coulissage
Pourrait-on craindre des tsunamis sur les côtes françaises ? Existe-t-il un réseau de surveillance ? Les côtes métropolitaines françaises, notamment les côtes méditerranéennes, sont susceptibles d'être frappées par des tsunamis entraînant une élévation du niveau de la mer d'au maximum quelques mètres - sans commune mesure donc avec les tsunamis qui ont eu lieu en Indonésie en 2004 et au Japon en 2011.


Le danger principal provient des séismes susceptibles de se produire au large des côtes d'Afrique du Nord, comme celui de Bourmèdes en 2003 qui, bien que modéré (magnitude 6,7), a généré un tsunami de plus d'un mètre dans les îles Baléares, et de quelques dizaines de centimètres sur les côtes sud de la France. Des tsunamis plus locaux peuvent également avoir pour source des éboulements sous-marins, ou des séismes plus faibles mais plus proches (en Mer Ligure par exemple).

Pour se prémunir de ce risque, les ministères concernés ont confié au CEA la mise en place, avec le SHOM (Service Hydrographique et Océanographique de la Marine) et le CNRS, d'un centre d'alerte aux tsunamis, qui sera opérationnel en juillet 2012. Des spécialistes en analyse de données sismologiques et de tsunamis assureront une permanence 24h/24 et 7j/7. Le centre a pour objectifs opérationnels de:

- diffuser, dans les 15 minutes suivant les événements sismiques potentiellement tsunamigènes, un message d'alerte aux autorités françaises et un message d'information aux autres centres d'alerte nationaux et régionaux étrangers de la Méditerranée ;

- diffuser des messages de confirmation (ou d'infirmation) de l'occurrence d'un tsunami, qui préciseront les temps d'arrivée et amplitudes estimés le long des côtes.La zone française la plus concernée par le risque tsunami reste cependant les Antilles.
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