Cédric - Dimanche 16 Mars 2025

Des restes d'une espèce humaine inconnue découverte en Espagne 🦴

Dans les montagnes d'Atapuerca, en Espagne, des fragments de crâne vieux de 1,4 million d'années ont été découverts. Ces ossements, surnommés Pink (en référence à l'album de Pink Floyd "The Dark Side of the Moon"), pourraient appartenir à une espèce humaine encore méconnue, voire inconnue, repoussant les limites de notre compréhension de l'évolution en Europe occidentale.


Comparaison du bord zygomaxillaire et du tubercule zygomaxillaire.

Cette découverte, publiée dans Nature, ouvre une nouvelle page de l'histoire des hominidés. Pink, dont le visage partiellement reconstitué montre des traits primitifs, pourrait être un ancêtre direct des populations humaines qui ont peuplé l'Europe bien avant l'arrivée d'Homo antecessor, une espèce déjà identifiée sur ce même site.

Un site archéologique aux trésors insoupçonnés


Les monts d'Atapuerca, en Espagne, sont un véritable sanctuaire pour les paléoanthropologues. Depuis des décennies, ce site a livré des fossiles et des outils qui retracent l'histoire des premiers humains en Europe. La grotte de Sima del Elefante, en particulier, a révélé des ossements datant de plus d'un million d'années.


En 2022, une équipe internationale a mis au jour des fragments de maxillaire et de joue appartenant à un individu adulte. Ces ossements, datés entre 1,1 et 1,4 million d'années, sont les plus anciens restes humains découverts en Europe occidentale. Leur analyse a permis de reconstituer partiellement le visage de Pink, révélant des caractéristiques inattendues.

Les outils en pierre et les ossements d'animaux retrouvés sur place suggèrent que ces hominidés maîtrisaient des techniques de chasse et de dépeçage. Ces indices témoignent d'une adaptation réussie à un environnement riche en ressources naturelles.

Un visage qui questionne nos origines


Le visage de Pink, avec ses traits robustes et saillants, diffère de celui d'Homo antecessor, une espèce plus récente trouvée à proximité. Cette morphologie rappelle plutôt celle d'Homo erectus, un ancêtre humain ayant quitté l'Afrique il y a environ 1,8 million d'années.


Vue frontale de la reconstruction virtuelle du milieu du visage de l'hominidé.

Cependant, Pink ne correspond pas exactement aux fossiles d'Homo erectus connus. Les chercheurs l'ont donc classé comme Homo affinis erectus, une désignation qui souligne ses similitudes tout en laissant la porte ouverte à de futures découvertes. Cette prudence reflète les nombreuses questions qui subsistent sur l'identité et l'évolution de ces premiers Européens.

Les conditions climatiques extrêmes il y a 1,1 million d'années pourraient expliquer la disparition de cette population. Une hypothèse renforcée par la rareté des fossiles de cette période en Europe occidentale.

Pour aller plus loin: Comment date-t-on des fossiles aussi anciens ?


La datation des fossiles repose sur plusieurs méthodes scientifiques, adaptées à l'âge et au contexte des découvertes. Pour des fossiles aussi anciens que ceux de Pink, les chercheurs utilisent principalement des techniques de datation relative et absolue. La datation relative consiste à analyser les couches sédimentaires dans lesquelles les fossiles sont enfouis. En étudiant la stratigraphie, les scientifiques peuvent déterminer l'ordre chronologique des événements géologiques.


La datation absolue, quant à elle, permet d'obtenir un âge précis en années. Parmi les méthodes les plus courantes, on trouve la datation par isotopes radioactifs, comme le potassium-argon ou l'argon-argon, qui mesurent la désintégration des éléments dans les roches volcaniques entourant les fossiles. Pour Pink, les chercheurs ont également utilisé la biostratigraphie, une méthode qui s'appuie sur l'étude des fossiles d'animaux associés pour estimer l'âge des couches sédimentaires.

Enfin, des techniques modernes comme la luminescence stimulée optiquement (OSL) permettent de dater les sédiments en mesurant l'énergie accumulée dans les minéraux au fil du temps. Ces méthodes, combinées à l'analyse des outils et des ossements animaux retrouvés sur place, offrent une vision précise sur l'environnent et la chronologie liés à ces découvertes.
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