les altérations intestinales associées au diabète type 1 sont associées à l'inflammation de la muqueuse

Publié par Isabelle le 06/04/2021 à 13:00
Source: CNRS INSB
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[img]https://insb.cnrs.fr/sites/institut_insb/files/styles/top_left/public/image/vignette_lehuen_site.jpg?itok=8qJk5aT_
[/img]© Agnès Lehuen/Lucie Beaudoin
Les altérations du microbiote et de l'intestin dans le diabète de type 1 sont associées à l'inflammation plutôt qu'à l'hyperglycémie.

Bien que le diabète de type 1 soit une pathologie qui frappe principalement le pancréas, elle affecte aussi l'intestin. Dans un article publié dans la revue Gut, les scientifiques démontrent que les altérations intestinales associées au diabète sont liées à une inflammation de la muqueuse et non à l'hyperglycémie. Contrer cette inflammation non seulement améliore l'intégrité intestinale mais aussi réduit l'incidence du diabète chez des souris prédisposées à la maladie.

Le diabète de type 1 est une maladie auto-immune caractérisée par la destruction progressive des cellules béta pancréatiques productrices d'insuline. De plus, les patients diabétiques de type 1 présentent aussi de multiples atteintes au niveau de l'intestin, avec une inflammation locale de bas grade, un affaiblissement de l'intégrité de la muqueuse et une perturbation du système immunitaire et du microbiote intestinal.

Les scientifiques ont cherché à mieux comprendre les mécanismes responsables de ces altérations. En utilisant un modèle murin, ils ont montré une perte de la production par les cellules immunitaires mucosales des cytokines (IL-17 et IL-22) qui interviennent dans le renforcement de la barrière intestinale. La production de ces cytokines est stimulée par certaines bactéries du microbiote, comme la bactérie filamenteuse segmentée (SFB) qui est progressivement perdue dans le microbiote intestinal des animaux qui vont développer un diabète. Ceux-ci présentent ainsi une perte de production de mucus, d'étanchéité de la muqueuse digestive, et un passage augmenté de composés du microbiote et de bactéries dans la circulation sanguine vers le foie.

Mais pourquoi ces anomalies ? Le diabète de type 1 étant à la fois une maladie auto-immune et une maladie métabolique, deux mécanismes sont capables de causer ces dommages: l'inflammation intestinale d'une part, l'hyperglycémie d'autre part.

En utilisant des modèles murins d'hyperglycémie sans inflammation et des modèles murins de diabète inflammatoire par transfert de cellules immunitaires diabétogènes, les auteurs ont découvert que seuls les modèles inflammatoires permettaient de récapituler à l'identique les altérations de la muqueuse digestive et du microbiote intestinal, incluant la perte de SFB. Ainsi, les cellules auto-immunes attaquant le pancréas peuvent également migrer dans l'intestin et y provoquer une inflammation délétère médiée par le TNF-alpha (Facteur de nécrose tumorale).

Enfin, en donnant un traitement anticorps anti-TNF-alpha aux animaux ayant reçu des cellules immunitaires diabétogènes, les scientifiques ont observé une hausse de l'intégrité digestive, une moindre altération du microbiote, une baisse de l'inflammation et surtout, une baisse d'incidence de diabète.

Ces résultats soulignent ainsi l'importance des altérations de l'intestin dans la physiopathologie du diabète de type 1 ainsi que le potentiel thérapeutique associé à leur traitement.


Figure: Les modèles murins de diabète de type 1 présentent des altérations inflammatoires de la muqueuse et du microbiote intestinal avec une perte des cytokines (IL-17A, IL-22 et IL-23A) stimulant l'intégrité de la barrière digestive. Un traitement anti-inflammatoire permet de bloquer ces altérations et réduit l'incidence du diabète. SFB: Bactérie filamenteuse segmentée, TNF: Facteur de nécrose tumorale.
© Agnès Lehuen

Pour en savoir plus:
Gut mucosa alterations and loss of segmented filamentous bacteria in type 1 diabetes are associated with inflammation rather than hyperglycaemia.
Rouland M, Beaudoin L, Rouxel O, Bertrand L, Cagninacci L, Saffarian A, Pedron T, Gueddouri D, Guilmeau S, Burnol A-F, Rachdi L, Tazi A, Mouriès A, Rescigno M, Vergnolle N, Sansonetti P, Rogner UC, Lehuen A.
Gut 16 février 2021. http://dx.doi.org/10.1136/gutjnl-2020-323664 (*co-auteurs)

laboratoire:
Institut Cochin (CNRS, Inserm, Université de Paris) - 22 rue Méchain, 75014 Paris.

Contact:
Agnès Lehuen - Chercheuse CNRS à l'Institut Cochin - agnes.lehuen at inserm.fr
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