(c)Mikenorton Comment le carbone continental migre-t-il dans l'océan ? Une collaboration internationale et pluridisciplinaire, pilotée par le LSCE, apporte une réponse étonnante pour l'Atlantique Sud. Près de 20 % du puits de
carbone océanique régional sont concentrés sur un centième de la
surface, dans les "lobes" du canyon
sous-marin du
fleuve Congo.
Deux campagnes océanographiques, en février et décembre 2011, ont permis, pour la première fois, d'explorer en profondeur les lobes du canyon sous-marin du fleuve Congo. Cette structure sous-marine gigantesque prend naissance dans l'estuaire du fleuve Congo et se ramifie dans les abysses, à 5.000 mètres de fond et à près de 800 km des côtes. Ce canyon draine une partie importante des apports particulaires du fleuve.
Les premières observations réalisées à l'aide d'un
robot sous-marin de l'Ifremer ont montré que ces sédiments contiennent de grandes quantités de carbone d'origine
organique, comme en atteste la présence de nombreux bivalves vesicomyidae.
Lors de la deuxième campagne, les chercheurs ont pu dresser une
cartographie du carbone et de la
silice, depuis les apports Congo jusqu'aux lobes terminaux, en s'appuyant sur des techniques de pointe in situ, complétées par des mesures en laboratoire. Cette étude montre qu'environ 20 % du carbone organique exporté par le fleuve sont finalement enfouis dans les lobes. Il est donc nécessaire d'étudier de manière approfondie ces "confettis" hyperactifs pour bien comprendre le cycle du carbone océanique.
Cette collaboration mobilise depuis dix ans des géologues, des géochimistes et des biologistes de l'Ifremer-Brest, de l'Université Pierre et
Marie Curie, l'Observatoire océanologique de Banyuls-sur-mer, l'
Institut universitaire européen de la
mer de Brest, l'
Université de Bordeaux,
Georgia Institute of Technology à
Atlanta (États-Unis) et Hellenic Center for Marine Research (Grèce).
Références:
Carbon and silica megasink in deep-sea sediments near the Congo Canyon, Quater. Sci. Rev.