Adrien - Jeudi 6 Octobre 2011

Reconnaissance du travail et pression artérielle


Un déséquilibre effort-reconnaissance peut avoir une incidence sur la santé et devrait interpeller les gestionnaires soucieux du mieux-être de leur personnel.
Un déséquilibre entre les efforts déployés et la reconnaissance au travail peut conduire à une augmentation de la pression artérielle.

Avez-vous l'impression que votre travail n'est pas toujours reconnu à sa juste valeur ? Si oui, vous auriez intérêt à surveiller votre pression artérielle. C'est ce que suggère une étude publiée dans un récent numéro du Journal of Psychosomatic Research par une équipe de l'Unité de recherche en santé des populations et de la Faculté de médecine.

Mahée Gilbert-Ouimet, Chantal Brisson, Michel Vézina, Alain Milot et Caty Blanchette ont mesuré la pression artérielle de 1600 cols blancs pendant une journée complète, à trois années d'intervalle. La pression artérielle était prise toutes les 15 minutes lors d'une journée de travail normale à l'aide d'un appareil portatif qui stocke les données en mémoire.


Les participants devaient également remplir des questionnaires portant sur les caractéristiques de leur travail. Le déséquilibre entre les efforts fournis (charge de travail, heures supplémentaires, temps accordé pour accomplir des tâches) et la reconnaissance (respect, estime, promotion, salaire, sécurité d'emploi) a été évalué à l'aide d'outils de mesure reconnus. Il y a déséquilibre lorsque le rapport entre le score de l'effort et celui de la reconnaissance est plus grand que 1.

Les chercheurs n'ont pas décelé de lien significatif entre le déséquilibre effort-reconnaissance et la pression artérielle chez les hommes ni chez les femmes de plus de 45 ans. Par contre, chez les travailleuses de moins de 45 ans, un tel déséquilibre se traduit par une hausse de la pression artérielle de 2,4 mm de mercure.

Par ailleurs, les données montrent que le risque d'hypertension (pression systolique supérieure à 135 mm ou pression diastolique supérieure à 85 mm) est 2,8 fois plus élevé chez les femmes de 45 ans ou plus qui vivaient un déséquilibre effort-reconnaissance aux deux temps de l'étude. Le risque semblait également plus élevé chez les femmes de moins de 45 ans et chez les hommes, mais les différences n'étaient pas statistiquement significatives.

"Ces augmentations de pression artérielle peuvent sembler minimes, mais à l'échelle d'une population, une baisse de 2 mm de la pression artérielle réduirait de 7 % et de 10 % respectivement la mortalité due aux maladies coronariennes et aux accidents vasculaires cérébraux chez les personnes en milieu de vie", souligne Mahée Gilbert-Ouimet.

L'étude suggère donc qu'un déséquilibre effort-reconnaissance peut avoir une incidence sur la pression artérielle, ce qui devrait interpeller les gestionnaires soucieux de la santé de leur personnel. "Notre projet a aussi un volet intervention, souligne Mahée Gilbert-Ouimet. Nous avons présenté nos résultats à des responsables d'équipe qui ont implanté des mesures d'intervention pour améliorer certains aspects du travail qui posaient problème. Par la suite, nous avons évalué l'effet de ces interventions sur les indicateurs de santé des travailleurs. Les conclusions de cette démarche vont nous servir à rédiger un guide d'intervention pratique destiné aux gestionnaires."
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL
sous le numéro de dossier 1037632
Informations légales