Les autorités suisses et françaises viennent de publier un rapport montrant que l'impact radiologique du CERN est négligeable.
Depuis la naissance même du CERN, il y a plus de 50 ans, les hypothétiques retombées radiologiques du Laboratoire font l'objet de questions récurrentes de la part du public. Ces interrogations viennent en partie du nom du CERN, qui, pour une raison historique, contient le mot nucléaire. Les autorités suisses et françaises ont publié le 16 octobre un rapport qui fait le point sur l'impact radiologique réel du CERN, apportant une réponse documentée et détaillée à ceux qui s'interrogent sur les risques de radioactivité.
Des membres de l'équipe environnement de la Commission de sécurité du CERN
lors d'une inspection du cours d'eau l'Allondon
L'Office fédéral de la santé publique suisse (OFSP) et l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire française (IRSN), les deux organismes de surveillance des risques radiologiques des Etats hôtes du CERN, ont conclu dans ce rapport que l'impact du CERN aujourd'hui et au cours des 50 dernières années est négligeable.
Ce rapport dénommé "Point zéro du CERN" a pour objectif d'établir un bilan de référence avant la mise en service du LHC. Il est basé sur une campagne de mesures indépendantes réalisées en 2005 et 2006. Les deux organismes de radioprotection ont mandaté des groupes d'experts qui ont mesuré les niveaux d'exposition ambiante et les concentrations de radionucléides dans l'atmosphère, les cours d'eau, les herbes et les sols au cours des années 2005 et 2006. Les contrôles ont été réalisés dans plusieurs dizaines de points, sur le site du CERN et dans le voisinage.
Les résultats obtenus démontrent que la radioactivité présente dans ces différents milieux est comparable à celle enregistrée hors de l'influence du CERN: l'impact radiologique du Laboratoire est négligeable et largement inférieur à celui attribuable à la radioactivité naturelle.
En réalité, la dose attribuée aux installations du CERN et reçue par les habitants de la zone est tellement faible qu'il est quasiment impossible de la mesurer. Les estimations montrent qu'elle s'élèverait chaque année à environ 0,01 millisievert. Les variations qui peuvent survenir d'une zone géographique à une autre peuvent représenter 20 fois cette dose dans la région de Genève. Cette dose est équivalente à celle reçue lors d'un aller-retour entre Genève et Athènes. Les habitants de la Suisse reçoivent en moyenne près de 400 fois plus de rayonnements ionisants (3,7 mSv) par an, provenant de la radioactivité naturelle, des rayons cosmiques, des procédures médicales, etc. (voir plus bas). Le CERN ne contribue ainsi que pour une petite fraction de pour cent à l'exposition naturelle. Des études ont montré que lorsque le LHC sera en service, la dose imputable au CERN sera similaire à celle enregistrée aujourd'hui.
Le faible impact radiologique du CERN est lié au type même de ses recherches. Ce sont les particules issues des collisions dans les détecteurs ou sur les cibles des expériences qui sont susceptibles de produire des rayonnements ionisants. Toutefois, ces rayonnements ne se produisent que lorsque l'accélérateur fonctionne. Les radionucléides produits lors des collisions ont généralement des durées de vie très courtes, entre quelques secondes et cinq ans. Leur toxicité est faible et leur impact radiologique reste bien en dessous des limites en vigueur. Le CERN met en place toutes les protections nécessaires pour limiter la propagation de ces rayonnements. Le fait que les accélérateurs, dont le LHC, soient enterrés profondément sous terre assure une protection supplémentaire.
Le CERN adhère au système de radioprotection internationalement reconnu qui implique une minimisation permanente de l'exposition. Ainsi, l'impact radiologique du CERN reste négligeable et par voie de conséquence bien en dessous des limites réglementaires. Entre autres procédés pour contrôler ses émissions, la Commission de sécurité du CERN suit en temps réel les mesures des niveaux des rayonnements ionisants ambiants et la radioactivité dans l'air et l'eau grâce à 200 stations de contrôle réparties sur les sites du CERN et dans son voisinage. Plusieurs milliers d'analyses sur des échantillons d'air ambiant, de cours d'eau, de sol, de plantes et de produits agricoles sont effectuées chaque année et continueront de l'être après le démarrage du LHC.
Les résultats des mesures effectués par les différents laboratoires mandatés sont disponibles sur les sites web de l'
OFSP et de l'
IRSN.
Le saviez-vous ?
L'être humain est constamment exposé aux rayonnements ionisants naturels provenant des roches, du sol ou de l'espace. Notre corps absorbe également les rayonnements émis par des sources artificielles comme les appareils de tomodensitométrie ou de radiographie, les exploitations minières et les traces laissées par les essais nucléaires ou la catastrophe de Tchernobyl.
La source la plus importante de rayonnements ionisants demeure le radon, un gaz radioactif émis par les quantités infimes d'uranium se trouvant naturellement dans le sol, que nous respirons tous les jours. D'autre part, les particules radioactives contenues dans le sol laissent des traces dans les aliments que nous consommons ("exposition interne"). En outre, les radionucléides, tels que le thorium et le potassium, présents naturellement dans la croûte terrestre, sont à l'origine de la "radioactivité terrestre" provenant des roches. Enfin, le soleil et les galaxies, y compris la nôtre, émettent des rayons cosmiques qui viennent frapper la Terre et qui représentent 10% de la dose annuelle de radiations reçue par le corps humain. L'atmosphère filtrant la plupart de ces rayons, l'exposition augmente avec l'altitude.
L'unité généralement employée pour calculer l'effet des rayonnements sur le corps est le Sievert (Sv). Pour ce qui est des expériences menées au CERN, on estime que, chaque année, les habitants de la zone environnante sont exposés à une dose de 0,01 mSv, soit moins de 1% de la dose totale annuelle de 3,7 mSv que chaque individu reçoit déjà d'autres sources.
Selon l'Office fédéral de la santé publique de Suisse, les habitants de la Suisse reçoivent en moyenne une dose de 3,7 mSv par an, comprenant la radioactivité naturelle (rayons cosmiques, radon, radioactivité terrestre, exposition interne) et la radioactivité artificielle (provenant des traitements médicaux, par exemple). A des fins de comparaison, la dose annuelle imputable au CERN dans la zone locale a été représentée. Source: Rapport annuel radioactivité de l'environnement et doses de rayonnements en Suisse de l'OFSP.