Les deux principaux artisans de ces nouvelles technologies: les professeurs Sam Beddar et Luc Beaulieu avec le dosimètre commercialisé par l'entreprise américaine Standard Imaging.
Photo: Marc Robitaille Des innovations technologiques permettent de mieux calibrer les nouveaux appareils de radiothérapie.
Recevoir la bonne dose de radiation est crucial pour un patient qui subit un traitement de radiothérapie. Si la dose est insuffisante, il peut y avoir récidive du cancer. Si elle est trop forte, il y a destruction de cellules saines, ce qui provoque des effets secondaires importants. La dernière génération d'appareils de radiothérapie, qui traitent de toutes petites superficies, permet des dosages ultraprécis, mais malheureusement les outils courants servant à calibrer ce genre d'appareils y sont mal adaptés. Le professeur Luc Beaulieu, du Département de physique, de génie physique et d'optique, et son équipe du Centre de recherche du CHUQ ont mis au point des technologies qui permettent de régler ce problème.
Ces innovations, qui ont fait l'objet de quatre demandes de brevet entre 2008 et 2011, font appel à une minuscule fibre optique plastique à laquelle sont ajoutées des molécules de fluor organique. "Lorsque des rayons X et gamma interagissent avec cette fibre, ils produisent de la lumière visible qui est collectée par une autre fibre optique (sans fluor) et dirigée vers un photodétecteur, explique Luc Beaulieu. Le principe des détecteurs dits à "scintillation" est connu et utilisé depuis longtemps en physique nucléaire, mais cette technologie n'avait jamais été utilisée pour la mise au point d'un instrument fiable et précis servant à la mesure de la dose."
Les fibres plastiques ont des propriétés très intéressantes, poursuit le professeur Beaulieu. "Elles ne sont pas affectées par la température ou la pression comme d'autres détecteurs, la lumière produite est proportionnelle à la dose, la réponse est indépendante de l'énergie et du taux de dose, et le matériel est parfaitement équivalent à l'eau qui est le milieu de référence en dosimétrie à l'échelle internationale."
La mise au point de ce dosimètre a commencé il y a presque dix ans. Les premiers travaux, réalisés avec le professeur Sam Beddar du MD Anderson Cancer Center au Texas, avaient conduit à une première demande de brevet en 2008. "L'Université Laval a accordé une licence pour l'exploitation de cette technologie à l'un des joueurs importants du domaine, Standard Imaging de Madison au Wisconsin, souligne le professeur Beaulieu. La compagnie a fait l'annonce de la commercialisation de ce dosimètre lors du congrès de l'European Society for Therapeutic Radiology and Oncology, qui se déroulait à Barcelone au début mai. Il s'agit du premier détecteur du genre sur le marché."
Outre les professeurs Beddar et Beaulieu, l'équipe qui a participé au développement des technologies et aux demandes de brevets était composée de Louis Archambault, Luc Gingras, Mathieu Goulet, Mathieu Guillot, Frédéric Lacroix et François Therriault-Proulx.