Peut-on définir la beauté des accords musicaux au-delà des frontières culturelles ?
Une récente étude bouleverse les théories musicales occidentales séculaires, ouvrant la porte à une appréciation renouvelée de l'harmonie à travers l'utilisation d'instruments provenant de diverses traditions culturelles. Ce travail, qui défie les principes établis par le philosophe de la Grèce antique Pythagore sur la consonance, suggère que notre goût pour les accords parfaits n'est pas aussi rigide qu'on le croyait auparavant, et que l'exploration d'instruments non occidentaux pourrait enrichir notre langage harmonique.
Les recherches menées par l'Université de Cambridge, Princeton et l'Institut Max Planck pour l'Esthétique Empirique révèlent deux découvertes majeures. Premièrement, contrairement à la croyance que la beauté d'un accord provient de ratios numériques simples, les résultats indiquent une préférence pour une légère déviation par rapport à ces ratios, suggérant un attrait pour une certaine imperfection dans la musique. Deuxièmement, l'étude montre que les relations mathématiques traditionnelles perdent de leur pertinence lorsqu'on examine des instruments tels que le bonang, un ensemble de petits gongs utilisés dans le gamelan javanais, mettant en lumière des modèles de consonance et de dissonance jusqu'alors inexplorés.
L'étude a impliqué un laboratoire en ligne avec plus de 4 000 participants des États-Unis et de la Corée du Sud, produisant plus de 235 000 jugements humains sur la plaisance des accords musicaux. Les expériences ont révélé une préférence significative pour des imperfections mineures, ou "inharmonicité", dans les accords, ainsi qu'une appréciation instinctive pour les consonances produites par des instruments non occidentaux, même par des individus non formés à la musique javanaise.
Ces découvertes remettent en question l'idée que l'harmonie doit se conformer à des relations mathématiques spécifiques et suggèrent qu'il existe de nombreuses autres formes d'harmonie à explorer. Elles encouragent les musiciens à expérimenter avec des instruments peu familiers pour découvrir de nouvelles possibilités créatives et harmoniques. De plus, cette recherche pourrait inspirer les producteurs de musique à intégrer des timbres uniques, réels ou synthétisés, pour fusionner harmonieusement les systèmes de tonalité occidentaux avec ceux d'autres cultures.
Consonance dyadique pour des tons complexes harmoniques (Étude 1A, N = 198 participants).
Crédit: Nature Communications
Ces résultats prometteurs ouvrent des voies passionnantes pour l'expérimentation musicale, en suggérant que l'utilisation d'instruments diversifiés peut débloquer un langage harmonique tout à fait nouveau, intuitivement apprécié par les auditeurs, sans nécessiter de formation musicale préalable. L'étude poursuit ainsi l'exploration des instruments et des cultures musicales variés pour approfondir notre compréhension de l'harmonie.