Le projet SDSS est le plus grand programme de cartographie spatiale jamais réalisé, qui vise à couvrir un quart du ciel. Démarré en mai 1998, ses observations ont pris fin en juillet 2008. Elles se sont traduites par les catalogues SDSS-I (1998-2005) et SDSS-II (2005-2008). Il rassemble quelque 200 astronomes de 13 Instituts.
Initialement, ce projet consistait à établir un relevé complet de près de 100 millions d'objets célestes jusqu'à la magnitude 23 en donnant leur position et leur luminosité absolue et prévoyait également de donner la distance précise de plus d'un million de galaxies et de quasars.
Une petite portion de la première image réalisée dans le cadre du projet SSDS en 1998.
L'image complète est 5000 fois plus vaste
Toutes les observations sont faites à partir du télescope de 2,5 m d'Apache Point au Nouveau-Mexique et équipé de 2 instruments. Un imageur et un spectrographe capable de mesurer l'âge, la distance et la composition chimique des objets observés. Le spectrographe a récemment été modernisé.
Lorsque le premier catalogue de la répartition des galaxies et des quasars a été rendu public (SDSS-I), les astronomes se sont très vite rendus compte que ces cartes allaient avoir un impact significatif dans d'autres domaines de recherche comme l'étude des étoiles, la structure de la Voie Lactée et même des objets du Système Solaire.
Pour les chercheurs, les cartes mises à leur disposition dans le cadre de ces "surveys" permettent de mieux comprendre l'origine des galaxies et les propriétés de la matière noire, ce quelque chose "d'invisible" dont la gravité lie étoiles et galaxies. Elles permettent également d'étudier les quasars sous un angle différent dans le sens où ces objets sont en quelque sorte des messagers d'une époque connue sous le nom de réionisation de l'Univers.
Le retour scientifique est très important. Mais il ne s'arrête pas seulement à l'exploitation de ces cartes. Combinées avec d'autres mesures dans des longueurs d'ondes différentes, les données du SDSS ont eu un impact important sur une meilleure connaissance des trous noirs et les galaxies qui les abritent. Mais ce qui est intéressant, c'est que ce type de travail combinant plusieurs données issues d'instruments différents peut apporter des éléments d'explication à de nombreuses questions qui restent sans réponse depuis bien trop longtemps.
L'une d'elles, certainement la plus importante qui taraude les cosmologistes, concerne le fait que l'expansion de l'univers s'accélère au fil du temps, en dépit de la gravité des matières baryoniques et noires. Cela signifie soit que nous ne comprenons pas comment "fonctionne" la gravité à l'échelle de l'Univers, soit que l'espace est parcouru par un type particulier d'énergie qui a un effet répulsif sur la gravité.
SDSS-III
Pour tenter d'y voir plus clair, les astronomes attendent beaucoup de SDSS-III, le nouveau catalogue en cours d'élaboration. Il a débuté le 15 juillet 2008, un jour après que les observations réalisées dans le cadre de SDSS-II aient pris fin.
Ce nouveau catalogue en cours d'élaboration se focalisera notamment sur l'étude des propriétés de l'énergie sombre. Un des résultats les plus intéressants de SDSS-1 a été la première mise en évidence d'oscillations acoustiques de baryons (BAO) dans la distribution à grande échelle des galaxies.
L'utilisation des BAO comme étalon de distance est l'une des quatre techniques les plus efficaces identifiées par le DETF (Dark Energy Task Force) pour contraindre l'équation d'état de l'énergie sombre. Les objectifs scientifiques de SDSS-III sont d'une part de mesurer précisément les BAO autour de z=0,7 et d'autre part de tenter d'utiliser les quasars pour mettre en évidence ces oscillations pour la première fois à des "redshifts" de l'ordre de 2,5. Les contraintes sur l'énergie sombre attendues sont les meilleures pour les prochaines années.
Mais ce n'est pas tout, SDSS-III devrait donner naissance à quatre catalogues distincts portant sur un large éventail de questions scientifiques. En plus de l'étude des BAO, deux autres surveys devraient permettre de tracer de nouvelles cartes de la structure de la Voie Lactée dans le visible et l'infrarouge. Un dernier Survey prévoit l'étude de plus de 10 000 étoiles que l'on suppose abriter au moins une planète.