Isabelle - Vendredi 4 Juin 2010

La prise d'antidépresseurs augmente le risque de fausse couche

La prise d'antidépresseurs pendant la grossesse augmente le risque de fausse couche. Selon une nouvelle étude parue dans le Canadian Medical Association Journal, la prise d'antidépresseurs pendant la grossesse augmente le risque global de fausse couche de 68 %. L'usage d'antidépresseurs est très répandu pendant la grossesse et jusqu'à 3,7 % des femmes les utilisent durant le premier trimestre.

L'arrêt du traitement risque de provoquer une rechute dépressive pouvant mettre en danger la santé de la mère et de l'enfant. Dans la plupart des études antérieures portant sur l'emploi d'antidépresseurs pendant la grossesse, la fausse couche n'a pas été retenue comme dénouement clinique, la taille des échantillons était petite et les résultats obtenus étaient contradictoires. Par contre, cette vaste étude avait comme objectif de déterminer le lien entre la prise d'antidépresseurs durant la grossesse, incluant les classes de traitements, types et doses, et le risque de fausse couche.


Des chercheurs de l'Université de Montréal et du CHU Sainte-Justine ont étudié des données sur 5 124 femmes québécoises enceintes ayant eu des fausses couches cliniquement reconnues jusqu'à la 20e semaine de gestation. Ils ont aussi analysé un échantillonnage important de femmes de la même cohorte qui n'ont pas fait de fausse couche. Parmi les femmes ayant fait des fausses couches, 284 (5,5 %) avaient eu recours aux antidépresseurs pendant la grossesse.

Les inhibiteurs sélectifs de la re-capture de la sérotonine (ISRS), particulièrement la paroxétine et la venlafaxine, étaient associés à un risque plus élevé de fausse couche. Cette association était également observée avec des doses plus élevées de l'un ou de l'autre de ces deux antidépresseurs. La combinaison de ces anti-dépresseurs doublait le risque de fausse couche.

"Ces résultats, qui suggèrent un effet de classe global des inhibiteurs sélectifs de la re-capture de la sérotonine, sont bien fondés vu le grand nombre d'utilisatrices d'antidépresseurs ayant participé à l'étude", précise Annick Bérard, professeure de pharmacie à l'Université de Montréal et directrice de l'Unité de recherche sur les médicaments et la grossesse du CHU Sainte-Justine. Les chercheurs conseillent vivement aux médecins qui suivent des patientes prenant des antidépresseurs, ou des femmes enceintes dont l'état nécessite la prise d'antidépresseur tôt dans la grossesse, de discuter avec elles des risques et des bénéfices de la consommation d'antidépresseurs.
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