Des chercheurs de l'Université de Grenade sont arrivés à cultiver pour la première fois en captivité une espèce animale marine dénommée petite ortie de mer (
Anemonia sulcata), et ont déjà initié la culture du concombre de mer (
Stichopus regalis), bien que celui-ci en est encore à sa phase initiale de recherche. Les deux espèces présentent un énorme potentiel culinaire et d'excellentes propriétés nutritionnelles. Outre ces deux anémones de mer, les scientifiques sont également arrivés à cultiver artificiellement une plante marine, la salicorne, aussi appelée "asperge de mer" en Espagne.
Actuellement, la capture d'anémones et leur utilisation postérieure dans les restaurants et établissements pour gourmets a provoqué un déclin remarquable et dangereux de ces populations animales, "en détériorant considérablement le nid écologique de la zone côtière et intermaréale, dû au braconnage et à la surexploitation en raison de leur rentabilité économique.
L'entreprise iMare Natural S.L., spin-off de l'Université de Grenade, s'occupe de la diversification des cultures marines dans le secteur de l'agriculture intégrée, une pratique basée sur une exploitation maximale des apports organiques excédentaires provenant de la culture ou de l'exploitation d'une espèce.
M. Pedro A. Álvarez, un des chercheurs et fondateur de l'entreprise, explique que "jusqu'à cette date, toute la consommation de ces espèces marines provenait de la pêche extractive, ce qui représente une altération très importante de l'écosystème."
Moyennant un système efficace de pompage et de canalisation, les apports organiques sont recyclés et réutilisés comme fertilisants ou apports nutritionnels dans d'autres types de cultures auxiliaires. Les excédents alimentaires et les déchets organiques d'une culture aquicole sont reminéralisés à leur tour par une autre espèce moyennant une culture aquaponique afin de créer des systèmes équilibrés et un environnement durable par biomitigation.
Propriétés pour la santé
Quant aux espèces cultivées pour la première fois à Grenade, la petite ortie de mer "possède à peine de calories et apporte des composants essentiels à notre santé, grâce à son taux élevé de protéines, de cholestérol et de purines, et à son bas contenu en graisses", souligne Álvarez.
La salicorne, pour sa part, contient entre 30 et 40% de protéines, calcium, magnésium, potassium et sodium, et un pourcentage élevé d'acides gras essentiels (oméga 6), qui peut atteindre 75% dans le cas des semences. Ce contenu élevé d'acide linoléique permet de réduire considérablement la quantité de cholestérol dans le sang. Cette plante s'arrose avec de l'eau de mer et s'utilise de plus en plus comme accompagnement dans des plats de poissons ou de fruits de mer, ou bien cuites avec d'autres légumes. "De plus, la salicorne est une culture riche en huile qui peut s'utiliser aussi pour la génération de biocombustibles", affirme le chercheur.
En dernier lieu, le concombre de mer est un produit très apprécié en gastronomie en Catalogne, dans les Îles Baléares et à Valence, où le kilo peut coûter 150 euros. Auparavant, "sa consommation était associée aux pêcheurs à faible pouvoir d'achat, mais aujourd'hui on le sert dans des restaurants de haut niveau."