L'acide désoxyribonucléique humain (ou ADN), qui renferme la totalité de nos gènes, est également composé de contributions génétiques étrangères, telles que des gènes bactériens ou viraux. En particulier, il a été estimé que le matériel génétique des rétrovirus, dont fait partie le VIH, correspond à 8% de la totalité du génome humain. Ces virus, en infectant les cellules, peuvent s'intégrer de manière stable parmi les gènes de l'hôte. La présence de matériel génétique étranger peut même persister plusieurs années. L'intégration du génome viral dans celui de l'hôte est aléatoire et résulte majoritairement en une dégradation de l'état de santé de ce dernier en permettant au virus de persister dans l'organisme de manière chronique. Cependant, au cours de l'évolution, quelques protéines rétrovirales ont été décrites comme bénéfiques pour l'organisme infecté. C'est le cas de deux gènes qui participent à la formation du placenta chez le singe et qui sont maintenant indispensables pour son développement. D'autres équipes tentent également de mieux comprendre la présence et la réactivation de ces gènes (voir notre news
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Structure de la molécule d'ADN
Illustration: Dosto/MesserWoland/Creative Commons
Une équipe de japonais a publié dans la revue
Nature du 7 janvier 2010, les résultats d'une étude décrivant pour la première fois la présence de gènes N fossiles du bornavirus, un virus à ARN (acide ribonucléique) différent des rétrovirus qui n'a donc pas la propriété intrinsèque de s'intégrer dans l'ADN de l'hôte infecté. Les scientifiques ont observé que 2 gènes humains étaient semblables à ce gène N et correspondaient à des fossiles moléculaires témoignant d'une ancienne infection de l'homme (il y a environ 40 millions d'années) par le bornavirus. Ils ont donc appelé ces gènes sans fonctions connues EBLN-1 et EBLN-2 pour " endogenous Borna-like N ". Au cours de l'évolution des espèces, le gène N de ce bornavirus semble s'être intégré dans d'autres génomes de mammifères puisque des copies ont été retrouvées chez des chimpanzés, des gorilles, des orang-outans, des macaques, des lémuriens, des éléphants d'Afrique ou encore certaines espèces d'écureuils. Les bornavirus modernes sont connus pour infecter les nerfs et engendrer des maladies comportementales diverses et des syndromes neurologiques en bloquant certains processus de stimulation. Le bornavirus a donné son nom à la maladie de Borna qui touche principalement les chevaux et les ovins.
Malgré qu'aucune preuve n'ait encore pu être apportée, certains chercheurs affirment maintenant que l'intégration de ce type de virus, et les mutations qu'il entraîne durant son intégration dans les cellules neuronales, pourraient être impliquées dans certains troubles psychologiques telles que la schizophrénie.
Auteur de l'article : Pierre-Alain Rubbo