Les dauphins pourraient bientôt avoir un interlocuteur inattendu: l'intelligence artificielle. Google développe un modèle capable de décrypter leurs échanges sonores, ouvrant des perspectives inédites sur leur communication.
Cette initiative s'appuie sur des décennies de recherches menées par le Wild Dolphin Project (WDP). En combinant observations de terrain et technologies avancées, les scientifiques espèrent percer les secrets des clics, sifflements et autres sons émis par ces cétacés.
DolphinGemma: un traducteur pour cétacés
DolphinGemma repose sur une architecture inspirée des modèles de langage humain, mais adaptée aux spécificités acoustiques des dauphins. Le système analyse des séquences sonores pour identifier des motifs récurrents, avec une précision impossible à atteindre manuellement.
Grâce à la technologie SoundStream, les vocalisations sont converties en données exploitables par l'IA. Le modèle, optimisé pour fonctionner sur smartphone, permet une analyse en temps réel lors des expéditions.
Les premiers tests suggèrent que DolphinGemma pourrait prédire certaines séquences sonores. Cette avancée faciliterait l'identification de structures potentiellement porteuses de sens, sans pour autant prouver l'existence d'un langage à proprement parler.
CHAT: vers un dialogue inter-espèces
En parallèle, le système CHAT explore une approche plus interactive. Il associe des sifflements synthétiques à des objets concrets, comme des algues ou des jouets, afin d'établir un vocabulaire commun avec les dauphins.
Les chercheurs utilisent des smartphones Pixel pour capter et traiter les sons sous l'eau. Cette solution légère évite le recours à du matériel encombrant, tout en offrant des performances suffisantes pour des expériences en milieu naturel.
L'objectif n'est pas de traduire la complexité des échanges naturels, mais de créer des ponts simples. Si les dauphins reproduisent les sifflements appris, cela marquerait une étape vers une communication volontaire entre espèces.
Comment fonctionne l'apprentissage du modèle ?
DolphinGemma s'entraîne sur des milliers d'heures d'enregistrements fournis par le WDP. Ces données, annotées avec le contexte comportemental, permettent au système de relier certains sons à des situations précises.
Le modèle utilise une méthode similaire à celle des assistants vocaux, mais adaptée aux fréquences et modulations des dauphins. Chaque son est découpé en segments analysables, puis comparé aux autres occurrences.
Cette approche révèle des similitudes imperceptibles à l'oreille humaine. Par exemple, des variations infimes pourraient correspondre à des "dialectes" différents selon les groupes de dauphins.
Quelles sont les limites à cette technologie ?
Aucune preuve ne permet encore d'affirmer que les dauphins utilisent un langage structuré. Les sons identifiés pourraient simplement refléter des émotions ou des intentions basiques, sans syntaxe élaborée.
Les bruits sous-marins (vagues, bateaux) compliquent également l'enregistrement des vocalisations. Les algorithmes doivent donc filtrer ces interférences pour isoler les sons pertinents.
Enfin, l'adaptation du modèle à d'autres espèces nécessitera des ajustements. Les dauphins tachetés de l'Atlantique, étudiés par le WDP, n'ont pas les mêmes vocalisations que les grands dauphins ou les orques.