Adrien - Jeudi 19 Septembre 2024

Pourquoi les moustiques rendent-ils certains fous de démangeaisons ?

Pourquoi certains réagissent-ils fortement aux piqûres de moustiques tandis que d'autres restent impassibles ?

Une récente étude sur des souris pourrait apporter des éléments de réponse inattendus. Elle met en lumière des différences au sein du système immunitaire qui pourraient expliquer ces variations.


Image d'illustration Pixabay

Les neurones sensoriels, présents en grand nombre dans la peau, jouent un rôle clé dans la détection des changements environnementaux. Lorsqu'une personne entre en contact avec un allergène potentiel, ces neurones réagissent et déclenchent une sensation de démangeaison. En parallèle, ils activent les cellules immunitaires voisines, responsables de l'inflammation.

Une exposition répétée à un allergène peut conduire à une inflammation allergique chronique, modifiant les tissus affectés et la sensibilité des nerfs. Les cellules immunitaires impliquées peuvent ainsi rendre les nerfs plus ou moins réactifs.


Pour mieux comprendre ce phénomène, une équipe de chercheurs a exposé des souris à un produit chimique provoquant des démangeaisons. Certaines souris, dépourvues de certains types de cellules immunitaires, ne se grattaient pas du tout après l'exposition. Ces cellules manquantes, nommées cellules GD3, se sont révélées essentielles dans la réponse des nerfs sensoriels.

En laboratoire, les chercheurs ont fait libérer des cytokines, des molécules de signalisation, par ces cellules GD3. Lorsque des souris normales ont été injectées avec ce mélange, leur réaction de grattage aux allergènes, comme la salive de moustique, a été amplifiée.

Un facteur unique a été identifié dans les sécrétions des cellules GD3: l'interleukine 3 (IL-3). Seuls certains neurones sensoriels réagissaient à l'IL-3, augmentant leur propension à déclencher des démangeaisons. La suppression de l'IL-3 ou de ses récepteurs a empêché les souris de déclencher une réponse allergique.

Ce mécanisme, où l'IL-3 semble "prémunir" les neurones à réagir, pourrait offrir de nouvelles pistes pour traiter les troubles chroniques de démangeaison. Toutefois, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer ces résultats chez l'humain. Les cellules immunitaires humaines pourraient réagir différemment, mais la découverte reste prometteuse.

Cette étude ouvre la voie à une meilleure compréhension des allergies et pourrait un jour permettre de prédire les réactions allergiques, voire de les prévenir.

Qu'est-ce que l'interleukine 3 (IL-3) ?

L'interleukine 3 (IL-3) est une cytokine, une protéine signal émise par certaines cellules du système immunitaire pour orchestrer les réponses immunitaires. Elle est principalement produite par les cellules T activées et joue un rôle clé dans la régulation de la croissance et de la différenciation des cellules hématopoïétiques, celles qui donnent naissance aux cellules sanguines.


En plus de son rôle dans la production de cellules sanguines, l'IL-3 influence la réponse inflammatoire. Elle agit sur les cellules immunitaires comme les mastocytes, augmentant leur activité et leur prolifération. Cela peut renforcer les réactions allergiques et inflammatoires, notamment en augmentant la sensibilité des neurones sensoriels aux allergènes, ce qui peut conduire à des démangeaisons accrues après une piqûre d'insecte ou une exposition allergénique.

L'étude de l'IL-3 et de ses effets sur les neurones pourrait ouvrir de nouvelles voies pour traiter les allergies et les troubles liés aux démangeaisons chroniques.
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