Cédric - Samedi 24 Août 2024

Pourquoi bâillons-nous quand on voit une personne le faire ? L'origine de notre mimétisme

N'avez-vous jamais remarqué qu'il vous arrive d'imiter votre discours ou vos expressions faciales à ceux de votre interlocuteur ? L'imitation est un comportement humain omniprésent, jouant un rôle clé dans nos interactions sociales. Comprendre les mécanismes sous-jacents à ce phénomène pourrait offrir des perspectives thérapeutiques inédites. Une équipe de chercheurs de l'Université de Bologne a récemment mis en lumière ces mécanismes, en étudiant comment certaines régions du cerveau régulent cette imitation automatique.


Les chercheurs ont utilisé une technique avancée de stimulation cérébrale non invasive, nommée "stimulation associative cortico-corticale appariée" (ccPAS), pour explorer la plasticité cérébrale. Cette approche a permis de cibler précisément les connexions neuronales entre différentes régions du cortex moteur. Leur étude, publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), révèle que la connectivité entre certaines régions du cerveau, notamment le cortex prémoteur ventral (PMv) et le cortex moteur primaire (M1), joue un rôle clé dans la tendance à imiter automatiquement les comportements observés chez autrui.


Pour mener cette étude, l'équipe a recruté 80 participants en bonne santé, répartis en quatre groupes distincts. Chaque groupe a été soumis à un protocole de stimulation différent, suivi de deux tâches comportementales: une tâche d'imitation volontaire et une tâche d'imitation automatique. Les résultats ont démontré que le renforcement de la connectivité entre le PMv et le M1 augmentait la propension à imiter automatiquement, tandis que son affaiblissement produisait l'effet inverse. Par ailleurs, une autre région cérébrale, le cortex moteur supplémentaire (SMA), semble jouer un rôle de contrôle cognitif en modulant cette imitation selon le contexte.

Sonia Turrini, co-auteure de l'étude, explique que ces découvertes offrent de nouvelles perspectives pour comprendre comment la plasticité cérébrale peut être manipulée pour influencer le comportement imitatif. Alessio Avenanti, le chercheur principal, ajoute que cela pourrait ouvrir la voie à des applications thérapeutiques visant à améliorer les performances cognitives chez des patients souffrant de troubles neurologiques ou de dysfonctionnements sociaux. En modulant l'imitation automatique, il serait possible d'atténuer les interférences dans des situations nécessitant une concentration accrue.

Cette avancée scientifique, en éclairant les circuits neuronaux spécifiques impliqués dans l'imitation, marque une étape importante dans la compréhension des interactions sociales et ouvre des perspectives prometteuses pour le traitement de divers troubles cognitifs et sociaux.
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL
sous le numéro de dossier 1037632
Informations légales