Pourquoi les oiseaux prennent-ils tant de risques pour aller nicher si loin au nord ? A partir d'une étude réalisée dans l'Arctique canadien, des chercheurs canadiens et français ont démontré que les risques de prédation des œufs variaient en fonction de la latitude où étaient installés leurs nids. Ces résultats sont publiés dans la revue
Science du 15 janvier 2010.
Ponte de pluvier argenté - Pluvialis squatarola Arviat Nunavut - Canada
Les coûts et les bénéfices du comportement migratoire chez les oiseaux ont fait l'objet de nombreuses hypothèses. D'un point de vue évolutif, les coûts (dépenses énergétiques, risque de mortalité élevé, exposition aux évènements climatiques extrêmes,...) doivent être compensés par des bénéfices (succès de la reproduction, moindre risque de prédation ...).
Un dispositif standardisé destiné à mesurer la variation du risque de prédation des pontes avec la latitude a été mis en œuvre dans le cadre de l'année polaire internationale, par un consortium composé d'équipes canadiennes et d'une équipe du Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive (CNRS/Université de Montpellier 1, 2 et 3/ ENSA Montpellier/CIRAD/Ecole pratique des Hautes études) soutenue par l'IPEV. Des nids artificiels ont été disposés à différentes latitudes entre 53°N et 82°N. En chacun de ces sites les chercheurs ont mesuré le nombre d'œufs n'ayant pas été consommés par les prédateurs (renards polaires, goélands ...). Ils ont ainsi pu montrer que le risque de prédation des pontes diminuait de plus de 60 % entre les sites du sud et ceux situés dans des milieux comparables 3350 km plus au nord.
Un prédateur de pontes: le renard polaire - Alopex lagopus - Région d'Arviat Nunavut Canada