Adrien - Jeudi 14 Novembre 2024

La plus massive prédation jamais observée: 10 millions de victimes d'un coup 🍗

Les scientifiques commencent à mieux comprendre les dynamiques entre prédateurs et proies marines. L'observation d'une scène spectaculaire de chasse de morues contre des capelans au large de la Norvège révèle des comportements inattendus.

Les capelans, des petits poissons de l'Arctique, se regroupent chaque année pour se reproduire. Cette migration attire leurs prédateurs, les morues atlantiques, qui suivent ce festin à grande échelle.


En février, lors de la saison de frai des capelans, une équipe du MIT et de chercheurs norvégiens a suivi leurs déplacements sur des dizaines de kilomètres grâce à une technique acoustique innovante. En formant une gigantesque masse mobile, ces capelans créent une sorte de "hotspot écologique" qui attire les morues.

Grâce à l'imagerie sonore, les scientifiques ont observé l'approche des morues, qui se regroupent également, formant leur propre banc coordonné. En quelques heures, près de 10,5 millions de capelans ont été dévorés dans une scène de prédation massive, la plus grande jamais documentée, couvrant une zone impressionnante.

Malgré l'ampleur de cet événement, ce banc ne représentait que 0,1 % de la population de capelans de la région. Cependant, le réchauffement climatique pourrait affecter ce fragile équilibre en forçant les capelans à migrer plus loin pour se reproduire, les exposant davantage à de telles attaques.

Des chercheurs ont suivi la migration des capelans et des morues, observant l'engloutissement de millions de capelans en quelques heures seulement.
Crédit: Nicholas Makris et al


Le capelan joue un rôle clé dans les écosystèmes marins. Une surveillance fine de leur comportement est cruciale pour la préservation de cette espèce et de son environnement. L'équipe de Nicholas Makris, professeur d'ingénierie mécanique et océanique au MIT, souligne que de tels événements de prédation peuvent déséquilibrer l'écosystème local en quelques heures seulement.

Cette étude repose sur des données d'une mission en mer de 2014, où les chercheurs avaient utilisé le système OAWRS, une technologie d'imagerie acoustique couvrant de vastes zones. Ils ont distingué les espèces présentes: les capelans résonnant comme de hautes vibrations et les morues comme de basses vibrations.

Le 27 février 2014, au matin, les capelans se regroupaient déjà, formant une onde coordonnée. En formant des bancs massifs, ils économisent de l'énergie pour de longs déplacements, mais ces rassemblements les rendent également plus vulnérables aux prédateurs.

Les scientifiques envisagent de déployer le système OAWRS pour étudier d'autres espèces afin de comprendre ces interactions massives en haute mer. Selon Makris, ce type de recherche est vital pour anticiper des effondrements écologiques soudains dans les populations de poissons dépendantes de ces regroupements.
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