Le télescope spatial européen Planck vient de livrer des clichés saisissants de plusieurs régions du ciel. Une étape de plus vers la compréhension de l'Univers.
Région où beaucoup d'étoiles se forment dans la nébuleuse d'Orion,
vu par Planck (à gauche) et en lumière visible (à droite).
Crédits: ESA, LFI & HFI Consortia (à gauche), STScl DSS (à droite).
Neuf fréquences d'observation pour plus de détails
Planck est en orbite depuis seulement un an et il fournit déjà des résultats scientifiques significatifs. Le satellite européen est capable de voir l'invisible. Ses fréquences de prédilection sont l'infrarouge lointain. Bien au-delà de ce que voit l'œil humain, c'est le domaine des micro-ondes (entre 30 GHz et 857 GHz). Cette faculté lui permet de révéler des endroits de l'Univers d'une façon tout à fait inédite.
Le télescope situé à 1,5 million de km de la Terre vient de mettre en évidence les processus de formation des étoiles dans notre galaxie: la Voie Lactée. Grâce à ses yeux si particuliers, Planck montre des paysages tout à fait différents et invisibles auparavant.
Mieux encore, il est capable d'isoler des détails grâce aux neuf fréquences d'observation dans lesquelles il peut travailler (six sont couvertes par l'instrument français HFI). Autant d'informations pour comprendre la formation des étoiles dans la Voie Lactée et dans les autres galaxies de l'Univers. C'est ce que montrent les toutes dernières images produites par le satellite dans lesquelles le milieu interstellaire, où baignent les étoiles, apparaît sous différents angles.
Plusieurs processus physiques impliqués dans la formation d'étoiles de cette région de la nébuleuse d'Orion
sont révélés à travers les images prises par Planck.De gauche à droite, l'image optique montre 2 brillantes "taches"
de lumière, provenant de 2 groupes de jeunes étoiles massives et leurs lumières réfléchies par les nuages environnants.
L' image Planck à 30 GHz illustre comment le gaz domine l'émission quand il est proche des étoiles les plus chaudes ;
l'image à 143 GHz montre un mélange de sources de rayonnement ; l'image à 857 GHz montre que la plupart de l'émission
provient de la poussière froide qui retrace la structure légère du nuage à partir de laquelle se sont formées les étoiles.
La combinaison d'informations provenant de toutes ces images donne une vision très complète de toutes les phases
du milieu interstellaire environnant ce site de formation d'étoiles très actif.
Crédits: STScI DSS (à gauche), ESA, LFI et HFI Consortia.
Le rayonnement cosmologique fossile
Mais cette cartographie de la Voie Lactée n'est pas le but ultime de Planck. C'est seulement une étape intermédiaire pour pouvoir mieux observer le fond diffus cosmologique encore appelé rayonnement cosmologique fossile (RCF). Ce qui intéresse les scientifiques dans le RCF c'est qu'il est censé donner un aperçu de l'Univers tel qu'il était 380 000 ans seulement après le Big-Bang, donc très jeune. "Avec le RCF, on voit une lumière qui a mis quasiment tout l'âge de l'Univers à nous parvenir" précise François Bouchet, cosmologue à l'Institut d'astrophysique de Paris. Et plus l'image du RCF sera "pure", plus les informations qu'elle contient seront intéressantes et exploitables.
Les scientifiques de la mission Planck doivent donc dans un premier temps enregistrer un maximum d'informations sur la Voie Lactée pour pouvoir ensuite mieux s'en affranchir. Et ce n'est pas pour leur déplaire: "Ce sous-produit de l'analyse cosmologique nous offre une vue unique sur l'évolution qui conduit à la formation des étoiles dans les galaxies qui peuplent notre Univers" se réjouissent-ils.
Dans la gamme de fréquences de Planck (à gauche), l'émission du milieu interstellaire est clairement visible
par rapport à l'image optique de cette même région de la constellation de Persée où les étoiles se forment peu.
Crédits: ESA, LFI & HFI Consortia.
Les résultats cosmologiques principaux de Planck, issus de l'observation du RCF, devraient être mis à la disposition de la communauté scientifique mondiale vers la fin 2012.
Le satellite Planck est en orbite autour du Point de Lagrange L2 à 1,5 million de km de la Terre.
Crédits: NASA.