C'est sûrement une conséquence des différentes actions punitives menées par les industries du disque, avec en tête de file la RIAA (Recording Industry Association of America): Kazaa vient de perdre sa place de réseau P2P (peer-to-peer) le plus utilisé au monde, place occupée depuis plusieurs années. Les utilisateurs de Kazaa étaient en effet les principales cibles de la RIAA, avec toujours plus de plaintes à leur encontre et débouchant sur de lourdes sanctions judiciaires.
Entre juin 2003 et juin 2004 le nombre d'utilisateurs de Kazaa aurait chuté de 41%. Selon une autre source, la société américaine spécialisée dans l'analyse des réseaux CacheLogic, Kazaa a vu sa part du trafic P2P total passer de 46 % en janvier à 19% en juin. La Fédération internationale de l'industrie phonographique (Ifpi) estime quant à elle que le nombre de fichiers disponibles sur Kazaa est passé de 900 millions à 600 millions entre avril 2003 et janvier 2004.
Il ne faut cependant par voir une prise de conscience civique de la part des internautes utilisateurs de logiciels P2P. Il s'agirait plus de "la peur du gendarme RIAA" qui à fait son effet, les utilisateurs préférant se tourner vers d'autres réseaux P2P susceptibles d'être moins surveillés. Les réseaux Edonkey et BitTorrent auraient ainsi vu dans le même temps leur part du trafic global augmenter.
Il ne faut cependant pas penser que les actions judiciaires sont uniquement en causes de ces changements de réseaux de téléchargement. Selon Guillaume Champeau, responsable du site Ratiatum, "De façon intrinsèque, Kazaa est une véritable usine à gaz, remplie de publicités et autres spywares, quand les réseaux alternatifs comme BitTorrent ou eDonkey en sont totalement dépourvus". Ces deux derniers réseaux sont aussi plus efficaces dans le téléchargement de gros fichiers comme les films, pratique de plus en plus en vogue avec l'augmentation des débits Internet. Le logiciel eMule, utilisant le réseau eDonkey, permet de plus aux utilisateurs d'indiquer des commentaires sur les fichiers proposés avertissant par exemple lorsqu'un fichier est corrompu ou faux.
Note
Il est nécessaire de préciser que les mesures indiquées ici sont effectuées en terme de trafic, c'est-à-dire en fonction de la quantité de données circulant sur les différents réseaux. Depuis longtemps la principale utilisation des réseaux P2P était pour le téléchargement de petits fichiers comme les fichiers musicaux ne pesant que quelques mégaoctets. Or l'utilisation récente pour le téléchargement de gros fichiers comme les films implique des transferts bien plus important, entraînant de ce fait une forte augmentation du trafic surtout au niveau des réseaux P2P utilisés dans ces domaines.