Cédric - Vendredi 23 Août 2024

La perte d'oxygène dans l'eau de la Terre s'accélère: vers un nouveau point de basculement ?

L'oxygène dissous dans les masses d'eau, essentiel à la vie aquatique, diminue rapidement, menaçant les écosystèmes marins et terrestres.

Une étude internationale, publiée dans Nature Ecology & Evolution, met en lumière cette perte inquiétante d'oxygène dans les lacs, rivières, et océans, et appelle à considérer ce phénomène comme une nouvelle limite planétaire à ne pas franchir.


Image d'illustration Pixabay

La désoxygénation aquatique, processus par lequel les niveaux d'oxygène dissous diminuent, a des conséquences majeures sur la stabilité de la biosphère. Les chercheurs soulignent que ce phénomène est intrinsèquement lié au réchauffement climatique et aux changements d'utilisation des terres. Le réchauffement des eaux réduit la solubilité de l'oxygène et augmente la stratification des couches d'eau, limitant ainsi les échanges entre les couches profondes, pauvres en oxygène, et les surfaces plus riches. Parallèlement, les apports en nutriments issus des terres favorisent la prolifération d'algues, augmentant la consommation d'oxygène par les micro-organismes au fond des plans d'eau.


Les données sont préoccupantes: depuis 1960, les océans ont perdu environ 2 % de leur oxygène, tandis que les lacs et réservoirs ont enregistré des baisses respectives de 5,5 % et 18,6 % depuis 1980. Ces chiffres révèlent un phénomène global, avec des impacts locaux parfois dramatiques, comme au large de la Californie centrale, où l'oxygène des eaux intermédiaires a chuté de 40 % en quelques décennies.

La réduction de l'oxygène menace non seulement la biodiversité, mais aussi les activités humaines qui en dépendent, telles que la pêche, l'aquaculture et le tourisme. Les processus microbiotiques dans les zones pauvres en oxygène produisent également des gaz à effet de serre comme le méthane, aggravant encore le réchauffement climatique et renforçant ce cercle vicieux.

L'équipe de recherche, menée par Kevin Rose du Rensselaer Polytechnic Institute, insiste sur la nécessité d'intégrer la désoxygénation aquatique dans le cadre des limites planétaires. Les limites planétaires sont des seuils écologiques à ne pas dépasser pour maintenir des conditions favorables à la vie humaine sur Terre. Ce concept existe depuis 2009 et est régulièrement mis à jour. Il identifie neuf processus essentiels pour la stabilité de la biosphère, dont six sont déjà franchies.

Dans le cas présent, cette reconnaissance permettrait de renforcer la surveillance mondiale et d'orienter les efforts de recherche et les politiques publiques vers des solutions visant à ralentir, voire inverser cette tendance. Sans une action décisive, la perte d'oxygène pourrait atteindre des seuils critiques, compromettant non seulement les écosystèmes aquatiques, mais aussi l'activité économique mondiale et la stabilité de la biosphère.
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