Le professeur Stewart Cole, de la Faculté des sciences de la vie de l'EPFL (Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne), à la tête d'une équipe internationale de chercheurs, a mis au point un nouvel agent thérapeutique, le BTZ043, pour lutter contre la tuberculose et découvert sa cible: une enzyme qui fabrique la paroi de la bactérie pathogène,
Mycobacterium tuberculosis. Publiée par
Science le 19 mars, cinq jours avant la journée mondiale de la tuberculose, cette étude pourrait déboucher sur un nouveau médicament tant attendu.
D'après l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la tuberculose touche 5,4 millions de personnes supplémentaires (y compris les rechutes) et tue encore près de deux millions d'individus chaque année sur la planète. La plupart des nouveaux cas se situent en Asie et en Afrique. En Europe, l'épidémie a été amoindrie par les antibiotiques dans les années 1950-1970, mais elle connaît un regain dû à l'apparition de souches multi-résistantes qui contaminent 490 000 individus par an, principalement dans les pays de l'ex-Union soviétique. La contamination à cette maladie infectieuse est très efficace puisqu'elle se fait par les voies respiratoires. Le besoin de nouveaux médicaments est donc urgent.
L'équipe du professeur Cole, directeur du "
Global Health Institute"de l'EPFL, travaille depuis trois ans, dans le cadre d'un projet européen, le NM4TB, à la recherche de nouvelles thérapies pour soigner la tuberculose. Leurs recherches ont abouti de manière spectaculaire à la création d'un composé chimique qui s'est avéré efficace contre la bactérie et sans effet secondaire sur des souris.
Vadim Makarov, de l'institut Bach de biochimie l'Académie russe des sciences de Moscou, auteur principal de l'article, note que les chercheurs ont commencé par synthétiser une série de composés contenant du soufre. Ils en ont évalué les effets sur des bactéries et des champignons. Les recherches ont ensuite été concentrées sur un groupe en particulier: les benzothiazinones, dont un élément – le BTZ043 – s'est révélé particulièrement efficace contre le bacille tuberculeux. La paroi de ce dernier présentant une structure particulière, riche en cire, lui confère une grande résistance aux antiseptiques, à certains antibiotiques et aux macrophages.
Le nouveau composé inhibe l'enzyme qui fabrique la molécule servant de liaison entre les différentes couches de la paroi bactérienne. "Sans cette enzyme, la bactérie explose", note le professeur. L'identification de cette cible est en soi la découverte majeure de cette étude car elle ouvre la voie à d'autres pistes thérapeutiques. Ces recherches ont par ailleurs fait appel à de nombreuses technologies de pointe développées par l'EPFL. Le BTZ043 quitte maintenant la recherche préclinique et sera bientôt testé chez l'homme à l'occasion d'essais cliniques. Une nouvelle thérapie pourrait en découler en moins de dix ans.
Source: EPFL
Source: Wikipedia