Le réchauffement climatique frappe plus durement certaines régions du globe. Au Svalbard, archipel norvégien de l'Arctique, les glaciers reculent à une vitesse sans précédent, révélant des conséquences inquiétantes pour l'environnement et les populations côtières.
Une étude récente, publiée dans
Nature Communications, utilise l'intelligence artificielle pour analyser des millions d'images satellites prises entre 1985 et 2023. Les résultats montrent que 91 % des glaciers du Svalbard ont considérablement diminué, avec une perte de surface totale chiffrée à plus de 800 km², une superficie équivalente à celle de New York. Cette fonte accélérée est directement liée au réchauffement climatique, qui touche cette région sept fois plus vite que la moyenne mondiale.
L'intelligence artificielle au service de la glaciologie
Traditionnellement, les chercheurs analysaient manuellement les images satellites pour étudier les glaciers, un processus lent et sujet à des interprétations variables. Grâce à l'intelligence artificielle, les scientifiques ont pu analyser rapidement et précisément des millions de clichés, offrant une vision détaillée de l'évolution des glaciers.
Cette méthode a permis de cartographier avec précision les fronts de vêlage, ces zones où les glaciers se jettent dans la mer. Ces glaciers particuliers, majoritaires au Svalbard, jouent un rôle important dans l'écosystème en apportant des nutriments aux océans et en influençant les courants marins.
Le vêlage, un phénomène clé
Le vêlage, processus par lequel des blocs de glace se détachent des glaciers, est un indicateur essentiel de leur santé. L'étude révèle que 62 % des glaciers du Svalbard connaissent des cycles saisonniers de vêlage, avec des reculs plus marqués en été.
L'étude révèle que ces cycles sont directement influencés par la température de l'océan. Dès que l'eau se réchauffe, les glaciers reculent presque immédiatement. Cette découverte confirme l'importance du rôle de l'océan dans la fonte des glaciers, bien plus que celle de l'air.
2016, une année record
Le pic de fonte le plus important a été observé en 2016, une année marquée par des températures extrêmes et des précipitations record. Les glaciers ont alors perdu deux fois plus de surface que la moyenne annuelle, en raison d'un phénomène météorologique appelé blocage atmosphérique.
Ces événements extrêmes devraient se multiplier avec le réchauffement climatique, accélérant encore la fonte des glaciers. Les chercheurs prévoient une perte de masse glaciaire plus importante à l'avenir, avec des conséquences sur les écosystèmes marins et la circulation océanique.
Une menace mondiale
La fonte des glaciers du Svalbard n'est pas un phénomène isolé. Des glaciers similaires, notamment au Groenland, sont également menacés. Si cette tendance se poursuit, l'élévation du niveau de la mer pourrait mettre en danger des millions de personnes vivant dans les zones côtières.
Les chercheurs espèrent que ces nouvelles données permettront de mieux prévoir l'évolution des glaciers et d'anticiper les impacts du réchauffement climatique.
Pour aller plus loin: Comment l'océan influence-t-il la fonte des glaciers ?
L'océan joue un rôle crucial dans la fonte des glaciers, en particulier ceux qui se terminent dans la mer. Contrairement à la croyance populaire, ce n'est pas seulement l'air chaud qui fait fondre les glaciers, mais aussi l'eau de mer.
Lorsque l'océan se réchauffe, il attaque la base des glaciers, provoquant une fonte sous-marine. Ce phénomène fragilise la structure de la glace, accélérant le vêlage, c'est-à-dire le détachement de gros blocs de glace. Ce processus est particulièrement visible dans les régions comme le Svalbard.
Les eaux plus chaudes peuvent également modifier les courants océaniques, affectant les écosystèmes marins et la circulation globale des océans. Ces changements ont des répercussions sur le climat mondial et la montée du niveau de la mer.
En comprenant mieux l'interaction entre les glaciers et l'océan, les scientifiques espèrent améliorer les prévisions sur l'élévation du niveau de la mer et ses impacts sur les populations côtières.