Le bâtiment Dr Fridtjof Nansen actuel. Illustration FAO Un bateau équipé de sept laboratoires continuera à recueillir des données sur les écosystèmes marins, le changement climatique et la pollution.
La Norvège va construire un navire de recherche à la pointe du progrès dans le cadre d'un projet en cours avec la FAO afin d'aider les pays en développement à améliorer la gestion de leurs pêches.
Le nouveau navire Dr Fridtjof Nansen, d'une valeur de 80 millions de dollars, remplacera son prédécesseur du même nom qui navigue le long des côtes africaines depuis 1993, effectuant des recherches approfondies sur l'état des écosystèmes marins du continent pour le projet EAF-Nansen, la dernière phase d'un programme unique en son genre qui a désormais 40 ans.
Le projet travaille avec 32 pays côtiers d'Afrique afin de les aider à recueillir des informations détaillées sur leurs ressources marines et être ainsi en mesure d'élaborer des plans de gestion des pêches, en mettant l'accent sur le maintien de la santé et de la productivité des écosystèmes.
Les scientifiques de l'Institut norvégien de recherches marines (IMR) et les pays africains participants utilisent des images 3D pour cartographier les fonds marins et recueillir de grandes quantités de données sur les stocks ichtyques, la qualité de l'eau et des sédiments, en étudiant l'ensemble de l'écosystème – des oiseaux de mer aux poissons, des baleines aux organismes minuscules (phytoplancton et zooplancton).
"Ce qui rend ce projet unique est la prise en charge par les pays en développement des informations collectées", a indiqué le Coordonnateur du projet EAF-Nansen, Kwame Koranteng. "Le but global du projet est de permettre aux pays d'effectuer leurs propres évaluations et de préparer et de mettre en œuvre des plans de gestion des pêches, déterminants pour les ressources marines menacées par la surpêche, la pollution et le changement climatique".
Au cours des prochaines années, le projet englobera également les impacts du changement climatique et de la pollution, y compris le suivi environnemental des activités pour l'exploitation offshore d'hydrocarbures.
"Nous espérons que le projet contribuera, entre autres, à répondre à la question primordiale de l'influence du changement climatique sur la répartition et l'abondance des espèces marines, qui font vivre des millions de personnes", a déclaré Árni M. Mathiesen, Sous-Directeur général de la FAO chargé des pêches et de l'aquaculture.
Financé par l'Agence norvégienne de coopération au développement (Norad), le projet est administré par la FAO avec le concours scientifique de l'Institut norvégien de recherche marine (IMR). Il collabore en outre avec les institutions nationales et régionales et d'autres organismes des Nations Unies.
Un équipement à la pointe de la technologie
La vie à bord du Dr Fridtjof Nansen peut être rude. Le navire opère 24 heures sur 24 avec des quarts de six heures; les activités vont du chalutage et de la collecte d'échantillons à l'enregistrement et l'analyse des données.
Les conditions de vie s'amélioreront nettement avec le nouveau bateau de 70 mètres de long qui sera plus spacieux et mieux équipé, avec des couchettes pour 45 scientifiques, techniciens et membres d'équipage.
Le navire devrait être inauguré en 2016. Il sera équipé de sept laboratoires, d'un auditorium, de matériels sonar sophistiqués pour cartographier la répartition des poissons, et d'un véhicule sous-marin téléguidé qui prendra des photos de la vie des fonds marins.
Le matériel de pointe, comprenant un système de positionnement dynamique, lui permettra de travailler en sécurité aux abords d'infrastructures sensibles comme les plateformes pétrolières, tandis que le mât principal sera équipé d'un point d'observation pour l'étude des oiseaux de mer et des mammifères marins.
Succès
Le projet, bénéficiant des conseils techniques de la FAO, a permis à seize pays africains d'élaborer des plans de gestion de leurs pêches. Il s'agit entre autres du Bénin, de la Côte d'Ivoire, du Ghana et du Togo, qui ont collaboré à la préparation de plans visant à limiter au minimum les dommages causés par les pêches à la senne de plage sur leurs territoires respectifs et dans la sous-région, et du Cameroun, du Gabon et du Nigéria, qui ont opéré de façon similaire sur les pêches industrielles de crevettes au large des côtes de l'Afrique centrale.
De l'autre côté du continent, parmi les pays travaillant actuellement à leurs plans de gestion des pêches figurent les Comores, le Kenya, Madagascar, l'Île Maurice, le Mozambique, les Seychelles et la Tanzanie.
La prochaine étape consistera à aider les pays durant la phase de mise en œuvre de leurs plans de gestion, a souligné M. Koranteng. "La présence du N/R Dr Fridtjof Nansen dans les eaux des pays en développement a permis de mieux comprendre la nécessité de gérer les ressources marines de façon durable, tout en offrant un langage commun grâce auquel les populations sont en mesure de communiquer au niveau régional et souvent mondial", a-t-il ajouté.
Des études approfondies de la vie marine ont produit un autre résultat: la découverte de nouvelles espèces. Ces dernières années, les scientifiques ont découvert un nouveau rouget, baptisé Parupeneus nansen, au large des côtes du Mozambique, et de six nouvelles espèces d'escargots marins au large du Golfe de Guinée.
Pour plus d'information voir: http://www.eaf-nansen.org/nansen/fr