La participation européenne à la construction de la Station spatiale internationale (ISS) ne se traduit pas seulement par la fourniture par l'Agence spatiale européenne du laboratoire scientifique Columbus, du Véhicule de transfert automatique (ATV), du bras européen ERA ou encore de quelques équipements scientifiques et techniques installés à bord des modules russes par exemple.
On le sait moins, mais l'Italie et l'Allemagne sont les deux pays en Europe qui ont le plus misé sur les vols habités et l'utilisation de la Station spatiale internationale. De fait, l'Italie joue également un rôle de tout premier plan.
Contribution italienne
La contribution italienne à l'ISS s'est faite au travers de l'ESA, mais également par des accords bilatéraux avec la NASA. Dans le cadre de ses accords, l'Italie a fourni à la NASA les nœuds de jonction Unity et Harmony (Node 1 et 2), les 3 modules logistiques polyvalent (MPLM, Leonardo, Raffaello et Donatelo), la coupole et les structures pressurisées du laboratoire Colombus et de l'ATV.
Mais l'Italie voit plus loin et planche sur des concepts exploratoires de véhicules spatiaux réutilisables, de petites stations spatiales ou encore de postes avancés sur la Lune. Il ne s'agit que d'études de faisabilité, s'inscrivant dans un travail de veille technologique visant plus à réduire autant que possible l'écart technologique avec les Etats-Unis et la Russie dans le domaine du vol habité qu'à jeter les bases d'un ambitieux programme de ce type. L'Italie est loin d'avoir les ressources financières nécessaires à ses ambitions.
Le premier prototype USV FTB-1
Toutefois, cela ne l'a pas empêché de franchir une étape toute symbolique avec l'essai réussi d'un prototype de vaisseau spatial sans moteur et sans pilote nommé Castor (USV, Unmanned Space Vehicle). Développé par le Centre italien de recherche aérospatiale (CIRA), Castor a effectué son premier essai de rentrée atmosphérique le 14 février dernier après un vol stratosphérique au-dessus de la Méditerranée. Lancée de la base aérienne de Tortoli, en Sardaigne, il a été emmené en deux heures par un ballon-sonde à l'altitude de 31 kilomètres avant de se détacher et de redescendre en planant à la vitesse de mach 1,05. Il a amerri soixante-dix secondes plus tard en Méditerranée.
En l'état, Castor ne préfigure en rien un futur véhicule spatial réutilisable. Mais en explorant certains domaines du vol spatial, il ouvre la voie au développement d'un engin bien plus élaboré équipé d'un moteur qui pourra effectuer des vols suborbitaux et orbitaux au moyen de Vega, un petit lanceur développé par l'Italie qui complétera l'offre d'Arianespace.
Mais après ?
A plus long terme, la partie italienne d'Alcatel Alenia Space planche sur une famille de véhicules spatiaux, de postes avancés sur la Lune mais également d'une station spatiale autour de la Lune !
Le véhicule spatial Aries A
Alcatel Alenia Space explore un concept de véhicule spatial modulaire et réutilisable qui permettrait de former un engin spatial ailé, de type navette, conçu pour se poser comme un avion ou un engin qui retournerait sur Terre à la façon des capsules Soyouz (sous un parachute). Ce véhicule spatial est baptisé Aries (Alternative Reusable Italian Expandable Spacecraft).
Le véhicule spatial Aries AB
L'intérêt de ce concept modulaire, c'est qu'à partir de la version de base, un engin réutilisable de type Klipper (Aries A), on peut obtenir un véhicule spatial complètement ailé en le couplant à une partie postérieure ailée et à un nouveau nez (Aries AB). On obtient un engin spatial avec des caractéristiques supérieures surtout dans la phase de rentrée et d'atterrissage.
Quant à la station spatiale lunaire pensée par Alcatel Alenia Space, baptisée Loop (Lunar Orbital Operation Platform), elle reprend l'architecture de la Station spatiale internationale mais en moins grand, où tous les éléments de l'ISS sont assemblés autour de la poutre ITS, la pièce maîtresse. La Station Loop est constituée d'une poutre, nettement plus petite que celle de l'ISS, d'un Node, d'un MPLM, un module technique et un ensemble de panneaux solaires.
La station orbitale lunaire Loop
Avec un volume habitable de 100 m3, elle abriterait un équipage de 4 à 6 personnes pour des missions de longues durées.