Michel - Mercredi 20 Février 2008

Napoléon n'a pas été assassiné, selon des physiciens

L'idée que Napoléon Bonaparte ait été assassiné par empoisonnement à l'arsenic semble avoir été éliminée par de nouveaux travaux effectués par des physiciens nucléaires en Italie. Les chercheurs ont analysé des échantillons de cheveux de l'empereur, irradiés par des neutrons et ont constaté qu'ils contenaient une quantité d'arsenic à peu près identique à celle de cheveux de plusieurs de ses contemporains. Ce résultat suggère que le poison provenait probablement de sources environnementales telles que du papier peint de couleur, plutôt que d'un empoisonneur malveillant.


Napoléon Bonaparte par Jacques-Louis David en 1812

La cause officielle de la mort de Napoléon en 1821 est un cancer de l'estomac, mais l'idée qu'il a été assassiné a gagné de la crédibilité scientifique en 2001 lorsque des experts en médecine légale français ont détecté des niveaux d'arsenic dans les cheveux de l'empereur environ quarante fois plus élevés que ceux trouvés dans les cheveux modernes. Ceci semblait conforter les théories qui avaient émergé dans les années 50 d'un empoisonnement destiné à empêcher Napoléon de reprendre les gouvernes de la France, ou pour le rendre si malade que les anglais auraient pu lui permettre sans risque de revenir de son exil sur l'île de Sainte-Hélène.

Un réacteur de recherche



Ettore Fiorini de l'université de Milan, ses collègues de l'université de Pavie ainsi que les laboratoires de l'Institut national italien de physique nucléaire (INFN) à Milan et à Pavie ont analysé des échantillons de cheveux à l'aide d'un réacteur nucléaire à Pavie. Ces échantillons incluaient les propres cheveux de Napoléon prélevés alors qu'il n'était qu'un enfant en Corse aux alentours de 1770, lorsqu'il fut exilé sur l'île d'Elbe en 1814, le jour de sa mort à Sainte-Hélène et le lendemain sa mort. Les chercheurs ont également analysé plusieurs cheveux du fils de Napoléon et de sa première épouse, l'impératrice Joséphine ainsi que des cheveux de personnes vivant aujourd'hui.

Chaque cheveu a été placé à l'intérieur d'un récipient et soumis à un flux intense de neutrons à l'intérieur du réacteur. De cette façon, les noyaux arsenicaux des cheveux (l'arsenic-75) pouvaient gagner un neutron, devenir instables, subir une désintégration bêta puis, à l'état excité, émettre des rayons gamma de grande énergie.

Des détecteurs ultra-sensibles au germanium


Le défi pour les chercheurs était de discerner ces rayons gamma du rayonnement gamma environnemental, ce qu'ils ont réalisé en employant des détecteurs ultra-sensibles au germanium basés sur une technologie également utilisée dans l'expérimentation de physique nucléaire de Cuore actuellement en construction au laboratoire souterrain de Gran Sasso en Italie centrale. Les travaux des chercheurs sont décrits dans un article de Il Nuovo Saggiatore.

L'analyse a permis à l'équipe de conclure que l'arsenic n'avait pas été administré par malveillance à Napoléon. Les scientifiques ont constaté que tous les échantillons de cheveux datant de 200 ans contenaient de l'arsenic à des niveaux (aux environs de dix par million) approximativement 100 fois plus élevés que ceux trouvés dans les cheveux de personnes vivant aujourd'hui.

Le papier peint vert



Les chercheurs italiens ne connaissent pas exactement la provenance de l'arsenic mais ils pensent que leurs résultats indiquent clairement que Napoléon n'a pas ingéré une dose mortelle mais plutôt qu'il en a absorbé tout au long de sa vie. Par exemple, à Sainte-Hélène, il a pu absorber une partie de cette substance à partir du colorant vert du papier peint de sa chambre. "Notre conclusion est que la mort de Napoléon fut probablement naturelle," indique Ezio Previtali de l''INFN. "Cependant ceci n'est surement pas la fin de l'histoire. Nombreux encore sont ceux qui pensent toujours qu'il a été assassiné."

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