Isabelle - Mardi 27 Janvier 2015

Des molécules actives de parfum encapsulées dans des polymères

Contrôler le relarguage de molécules actives en les encapsulant dans des polymères.

Encapsuler le parfum permet de libérer progressivement son odeur. En s'inspirant d'une méthode habituellement utilisée pour déposer des membranes de polymères d'épaisseur bien contrôlée sur des surfaces solides, des chercheurs du Laboratoire sciences et ingénierie de la matière molle (CNRS/ESPCI/UPMC), en partenariat avec l'industriel de la parfumerie "Givaudan", ont réussi à encapsuler des gouttelettes de parfum de manière durable en empilant des polymères directement à la surface des gouttelettes. Ces résultats sont parus dans la revue Macroletters.


Capsule de parfum de 20 micromètres de diamètre protégée par des multicouches de polymères
© Sandrine Le Tirilly

Encapsuler le parfum permet de le protéger par une fine membrane polymère et de libérer l'odeur de manière progressive. Par exemple, lorsque nous lavons nos vêtements, ils sentent une odeur de 'frais'. Si l'on veut que cette odeur perdure, il faut encapsuler le parfum afin que l'odeur soit relarguée continûment à travers la membrane. Or le parfum est composé de très petites molécules qui ont tendance à traverser la membrane trop rapidement.


Des chercheurs du Laboratoire Sciences et Ingenierie de la Matière Molle (CNRS/ESPCI/UPMC), en partenariat avec l'industriel de la parfumerie "Givaudan", ont réussi à encapsuler des gouttelettes de parfum de manière durable en empilant de longues molécules (des polymères) directement à la surface des gouttelettes. Ils se sont inspirés d'une méthode, habituellement utilisée pour déposer des membranes de polymères d'épaisseur bien contrôlée sur des surfaces solides. Il s'agit de déposer sur la surface alternativement deux polymères différents qui s'attirent l'un l'autre. Il a fallu adapter le procédé pour pouvoir recouvrir de nombreuses gouttelettes à l'intérieur d'une émulsion de parfum, en rinçant les gouttelettes avec de l'eau contenant tour à tour l'un ou l'autre des polymères.

L'originalité de ce travail vient du fait que les chercheurs ont montré pour la première fois que la force de l'attraction entre les couches de polymères permet de moduler la rigidité des membranes. Ils ont choisi des polymères plus ou moins hydrophobes, c'est-à-dire ayant une affinité plus ou moins faible pour l'eau. Les polymères hydrophobes ont tendance à coller fort entre eux dans la membrane, pour évincer l'eau, ce qui donne à la membrane un caractère moins fluide et donc plus solide. De plus, l'attraction entre les polymères peut être fortement affaiblie en ajoutant une petite quantité de soude dans l'émulsion: si les polymères ne collent plus entre eux, alors la membrane se désagrège, ce qui permet donc de libérer le contenu des gouttelettes.

Ces résultats pourraient être utiles à d'autres domaines où l'on cherche à protéger puis relarguer de manière contrôlée de petites molécules actives telles que des médicaments ou des vitamines.
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