Du 29 août au 17 septembre prochains, une équipe internationale de scientifiques, dirigée par Thomas Haevermans, botaniste au Laboratoire "Origine, Structure et Évolution de la Biodiversité" (Muséum national d'Histoire naturelle/CNRS), réalisera le premier inventaire complet du Tsingy de Namoroka. Namoroka est une des dernières
terra incognita de Madagascar, mais également un hotspot de biodiversité
(1) remarquable. Il est considéré comme une priorité de conservation pour le gouvernement malgache, notamment dans le contexte de l'ouverture prochaine au tourisme et de recherches minières en cours. Cette expédition permettra de réaliser une étude unique des relations entre les différents compartiments du vivant de cette zone riche et emblématique.
Le Tsingy de Namoroka
Le Tsingy de Namoroka, proche de la côte nord-ouest, au climat sec, s'étale sur une superficie de 223 km2. Du fait de son isolement, il a été prospecté au début du XXe siècle seulement et reste l'une des
terra incognita pour la biodiversité de Madagascar.
Les tsingys sont des paysages extraordinaires formés par des reliefs karstiques
(2) uniques qui entrainent une hétérogénéité de milieux écologiques très élevée. En situation isolée à Madagascar, ils offrent des milieux contrastés où se concentrent un endémisme et un micro-endémisme exceptionnels.
La mission
Le parc national du Tsingy de Namoroka est identifié par le gouvernement malgache comme étant une priorité de recherche sur la biodiversité, il constitue un "hotspot dans le hotspot". Une approche la plus généraliste possible est donc nécessaire, afin de pouvoir aider à terme l'établissement d'un écotourisme raisonné sur ce massif. Du fait de la difficulté d'accès, cette région a été très peu étudiée, que ce soit au niveau des inventaires taxonomiques et de la cartographie. Une vingtaine de scientifiques spécialisés en botanique, entomologie, paléoentomologie, herpétologie, zoologie (notamment spécialistes des mammifères et de la faune des sols) parcourra ainsi pendant 3 semaines l'ensemble des zones à explorer (zones humides, forêts, cavernes).
L'implication d'une équipe aussi importante permettra de maximiser les résultats pour l'ensemble de ces zones. Les tsingys sont des milieux hostiles et nécessitent une logistique adaptée pour y travailler et des compétences multiples pour évoluer dans ces milieux (escalade, canyoning et spéléologie).
Ce projet a reçu le soutien de la Société des Amis du Muséum et de Colas Madagascar.
Notes:
(1) Un hotspot de biodiversité est une zone biogéographique (terrestre ou marine) possédant une grande richesse de biodiversité particulièrement menacée par l'activité humaine.
(2) Les structures karstiques concernent environ le cinquième de la superficie continentale de la Terre. Les karsts présentent pour la plupart un paysage tourmenté, un réseau hydrographique essentiellement souterrain et un sous-sol creusé de nombreuses cavités.