Amarrée depuis dimanche soir à la Station spatiale internationale, l'équipage de la navette Atlantis se prépare à sortir par trois fois dans l'espace pour assembler deux nouveaux segments de poutre, terminer la rétraction des panneaux solaires de la poutre P6 et accomplir les tâches détaillées ci-dessous.
Une quatrième sortie devait être décidée la nuit dernière dans le cas ou la NASA décide de réparer la petite déchirure survenue dans la protection thermique de la navette pendant son décollage. La première sortie s'est déroulée dans la nuit de lundi à mardi.
Etat d'avancement de l'ISS avant la mission STS-117
Le programme des sorties extravéhiculaires
EVA 1 (6h25)
- Raccordement électrique de S3 à S1 ;
- Relocalisation d'un cale-pied ;
- Préparation d'outils pour une sortie subséquente ;
- Enlèvement d'une protection thermique ;
- Rangement d'une structure retenant S4 à la soute de la navette ;
- Relâchement des ergots d'arrêt bloquant le mécanisme de déploiement des deux moteurs bêta des panneaux solaires ;
- Déblocage des boîtiers renfermant les panneaux solaires et les préparer pour leur déploiement ;
- Déblocage du radiateur et le préparer pour son déploiement ;
- Renforcement de quatre éléments de structure dans le joint rotatif alpha ;
- Installation de 2 des 4 mécanismes de contrôle du joint rotatif alpha ;
- Retirer les dispositifs de blocage du joint alpha en prévision de son activation.
EVA 2 (6h25)
- Rétraction de l'aile tribord des panneaux solaires de la section de poutre P6 ;
- Préparation du Joint Alpha de S3.
EVA 3 (6h25)
- terminer la rétraction des panneaux solaires tribord de P6 si ce n'est déjà fait ;
- dégager les rails du Transporteur mobile du bras télémanipulateur ;
- Installation d'un évent d'hydrogène à l'extérieur du module Destiny ;
- Installation d une antenne du système d'instrumentation externe ;
- Relocalisation du câblage réseau ;
- Installation d'un support de caméra vidéo ;
- Retirer une antenne GPS.
La déchirure de la couverture thermique d'Atlantis
Gros plan sur la déchirure d'une dizaine de centimètres sur la couverture thermique d'Atlantis, survenue pendant la phase de décollage de la navette. L'inspection du revêtement thermique de la navette a révélé l'arrachement d'un fragment de tuile thermique située sur l'un ses carénages moteur.
Tuiles manquantes à l'arrière d'Atlantis
Les éléments de l'ISS concernés par la mission
Integrated Truss Structure
Integrated Truss Structure est la pièce maîtresse de la Station spatiale autour de laquelle tout est installé. Elle supporte les modules, les ports d'amarrage, le système d'entretien mobile, les panneaux solaires et quelques plates-formes externes. Initialement elle devait comporter 13 segments. Mais, la révision à la baisse du projet en 2002 a conduit à la suppression des segments bâbord (P2) et tribord (S2).
Les panneaux solaires
Cette nouvelle paire de panneaux solaires, la troisième en place, augmentera la puissance électrique de la Station en prévision de l'installation des modules scientifiques japonais (Kibo) et européen (Colombus). Ils sont identiques à ceux déjà en place et qui fonctionnent de façon nominale depuis leur installation, au-delà même des espérances de la NASA et des constructeurs Lockheed Martin et Boeing. Rappelons que les premiers panneaux ont été installés en 2000 (STS-97), puis tout récemment le second jeu en septembre 2006 (STS-115).
Les panneaux solaires de l'ISS sont la plus grande structure déployée à ce jour dans l'espace et devra fonctionner pendant les 15 ans de la durée de vie opérationnelle de la station. D'ici la, il n'est pas prévu de les changer. A terme, la Station sera équipée de 4 paires de panneaux solaires.
Seule source aisément disponible d'énergie pour la Station, l'utilisation de la lumière solaire devait être optimisée au maximum. Pour cela, des technologies ont été développées pour convertir efficacement l'énergie solaire en courant électrique. La solution privilégiée est d'employer un grand nombre de cellules solaires assemblées dans des panneaux pour produire un niveau de puissance élevé.
Les cellules sont faites à partir de lingots en cristal de silicium pur qui convertissent directement la lumière en électricité par un processus photovoltaïque. Les panneaux solaires font le travail, mais un vaisseau spatial en orbite autour de la terre n'est pas exposé en permanence au rayonnement solaire, ainsi l'énergie doit être stockée. Le stockage dans des batteries rechargeables fournit une source continue d'électricité tandis que le vaisseau spatial se trouve dans l'ombre de la terre.
Construits par Lockheed Martin et Boeing, chacun des huit éléments photovoltaïques consiste en un mât entouré de deux surfaces (32 m x 11 m) supportant les cellules solaires. Chacune de ces surfaces comporte 84 panneaux, dont 82 couverts de cellules solaires (200 par panneau). L'ensemble des huit générateurs solaires comporte donc au total 262 400 cellules.
Le joint rotatif Solar Alpha
Autre élément majeur installé cette semaine, le joint rotatif Solar Alpha (SARJ). Ces joints rotatifs sont des composants essentiels aux panneaux solaires. Les SARJ sont utilisés pour maintenir les panneaux dans une orientation optimale vers le Soleil. Puisque la Station tourne autour de la Terre toutes les 90 minutes, le SARJ tourne de 360 degrés toutes les 90 minutes pour garder les panneaux solaires orientés vers le soleil.
Les moteurs d'entraînement déplaceront les panneaux de 360 degrés à raison de quatre degrés par minute. Les joints doivent se mouvoir sans à-coup et sans communiquer de vibrations aux laboratoires et modules d'habitation de la station afin de ne pas compromettre les activités de microgravité. En même temps, 60 kilowatts de puissance sous 160 volts et de multiples canaux de données sont transmis à travers chaque joint par des "anneaux de roulement" en cuivre incorporés.