Adrien - Samedi 2 Novembre 2024

Mercure: une planète proche du Soleil au champ magnétique si étrange

L'exploration spatiale nous révèle souvent des surprises inattendues. En juin 2023, lors de son survol de Mercure, la mission BepiColombo a permis de collecter des informations sur le champ magnétique de la planète. Ces observations sont un aperçu des découvertes à venir lorsque la sonde placera deux orbiteur autour de Mercure en 2026.

Mercure, bien que très petite, possède un champ magnétique qui crée une "bulle" protectrice autour de la planète: la magnétosphère. Ce champ est environ 100 fois plus faible que celui de la Terre, mais il interagit de façon intense avec les particules chargées provenant du Soleil, le vent solaire.

La magnétosphère de Mercure captée lors du troisième survol de BepiColombo. Crédit: Agence Spatiale Européenne

BepiColombo, un projet collaboratif entre l'Agence Spatiale Européenne (ESA) et l'Agence Spatiale Japonaise (JAXA), a pour mission d'étudier cette magnétosphère et d'explorer comment Mercure réagit à l'environnement spatial extrême près du Soleil. À cette distance, les interactions entre le vent solaire et la magnétosphère sont plus intenses qu'ailleurs dans le Système solaire.


Lors du survol de juin 2023, certains des instruments scientifiques à bord de BepiColombo ont capturé des données importantes. L'équipe de Lina Hadid, qui utilise les instruments de l'orbiteur Mio, a analysé l'environnement magnétique de Mercure, notamment en cartographiant les particules présentes et leur énergie, sur une courte période de 30 minutes.

L'équipe a observé certaines structures attendues, comme la limite où le vent solaire libre rencontre la magnétosphère. Mais, des découvertes plus surprenantes ont également été faites, notamment la présence d'une couche de plasma à basse latitude, révélant des énergies de particules jamais vues auparavant sur Mercure.

En outre, des ions énergétiques ont été détectés près de l'équateur, suggérant la présence d'un "courant annulaire". Ce type de courant est bien connu autour de la Terre, mais pour Mercure, la faible taille de la magnétosphère rend difficile la compréhension de ce phénomène. Cette question sera probablement résolue lorsque la sonde sera pleinement opérationnelle en 2026.

Une autre découverte intrigante concerne la détection d'ions froids à la surface de Mercure, comme l'oxygène, le sodium et le potassium. Ces particules sont probablement éjectées par des micrométéorites ou par le vent solaire, offrant ainsi une vision tridimensionnelle de la composition de la surface de la petite planète.

Ces premières observations montrent le potentiel énorme de la mission BepiColombo pour comprendre les interactions complexes entre Mercure et son environnement spatial. À partir de 2026, les deux orbiteurs de la mission fourniront des données continues qui permettront de mieux comprendre l'évolution de cette magnétosphère unique et les interactions qui se produisent en temps réel.

La mission BepiColombo



BepiColombo est une mission spatiale conjointe de l'Agence Spatiale Européenne (ESA) et de l'Agence Spatiale Japonaise (JAXA), destinée à explorer Mercure, la planète la plus proche du Soleil. Lancée en octobre 2018, elle vise à mieux comprendre l'environnement extrême et la composition de Mercure, en particulier son champ magnétique et son interaction avec le vent solaire.

La mission utilise deux orbiteurs: le Mercury Planetary Orbiter (MPO) de l'ESA, et le Mercury Magnetospheric Orbiter (MMO, ou Mio) de la JAXA. Ces deux sondes sont transportées ensemble vers Mercure et se sépareront en 2026 pour entrer en orbite autour de la planète, permettant des observations complémentaires.

BepiColombo doit éclaircir plusieurs mystères concernant Mercure, notamment la formation de son champ magnétique, la composition de sa surface et les interactions entre l'atmosphère ténue de la planète et les particules chargées venant du Soleil.
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL
sous le numéro de dossier 1037632
Informations légales