Adrien - Mardi 19 Mars 2019

Maladie coronarienne: il n'est jamais trop tard pour changer ses habitudes de vie

Un programme de modification des habitudes de vie améliore significativement la condition des personnes ayant une maladie coronarienne

Les personnes atteintes d'une maladie coronarienne peuvent-elles espérer une amélioration de leur condition si elles modifient leurs habitudes de vie ? Sans l'ombre d'un doute, suggère une étude qui vient de paraître dans la revue Metabolic Syndrome and Related Disorders. Cette étude, réalisée par une équipe de l'Université Laval, montre qu'une intervention d'une durée d'un an ciblant l'alimentation et l'activité physique permet d'atténuer certains facteurs de risques de complications cardiaques et d'améliorer la capacité cardiorespiratoire des participants.

Les chercheurs de la Faculté de médecine et de la Faculté de pharmacie rattachés au Centre de recherche de l'Institut universitaire en cardiologie et en pneumologie de Québec ont testé cette intervention auprès de 53 sujets. Ces hommes, âgés de 42 à 76 ans, souffraient d'une maladie coronarienne qui avait nécessité un pontage. Ils avaient aussi une dysfonction diastolique du ventricule gauche, une condition qui augmente le risque de complications cardiovasculaires. "Plusieurs d'entre eux affichaient un surpoids ou souffraient de diabète ou de prédiabète. Ils étaient donc très malades au départ", résume la cardiologue Marie-Eve Piché, première auteure de l'étude.

Quelques semaines après leur pontage, tous les participants ont rencontré individuellement une nutritionniste et un kinésiologue pour recevoir des conseils personnalisés sur l'alimentation et l'activité physique. Ces rencontres ont eu lieu toutes les deux semaines pendant les quatre premiers mois du programme, puis une fois par mois par la suite.

Côté alimentation, l'objectif du programme consistait à améliorer la qualité globale des habitudes des participants en réduisant notamment les acides gras saturés ainsi que les aliments ou breuvages contenant du sucre ou du sel ajouté. Chez les sujets avec surpoids, la diète proposée créait un déficit énergétique d'environ 500 calories par jour.

Côté exercice, le programme encourageait les participants à faire au moins 150 minutes d'activité aérobique par semaine. À cela s'ajoutaient des exercices de résistance effectués sur appareils en gymnase. Des études ont montré que ce type d'exercices procure des bienfaits aux personnes ayant des problèmes de régulation du glucose sanguin.

Bilan de l'intervention ? Premier constat, le programme a eu peu d'incidence sur le poids: en moyenne, les sujets ont perdu 1,4 kg en 12 mois. "La réponse était très variable d'une personne à l'autre, mais le but premier de l'intervention n'était pas une perte de poids", rappelle la professeure Piché.

Par contre, certains dépôts de gras très néfastes pour la santé ont considérablement fondu. C'est le cas du gras viscéral abdominal (-9%), du gras présent dans l'enveloppe du coeur (-31%) et du gras déposé sur le coeur (-13%). Par ailleurs, la protéine C réactive, un indicateur d'inflammation, a diminué de 40%. "Il s'agit d'une réponse très positive qui suggère que l'inflammation systémique diminue", explique Marie-Eve Piché.

Les chercheurs ont observé que la diminution du gras cardiaque et du gras viscéral abdominal était plus grande chez les sujets prédiabétiques ou diabétiques. "C'est très encourageant étant donné que, au départ, ces personnes sont plus à risque de récidive de problèmes cardiaques", commente la cardiologue.

Autres points positifs, les participants ont augmenté leur capacité cardiorespiratoire de 13% et, chez les participants prédiabétiques ou diabétiques, la fonction diastolique du ventricule gauche s'est améliorée de 53%. Encore là, ces embellies sont porteuses de bonnes nouvelles étant donné qu'elles sont associées à une baisse du risque de complications et de mortalité cardiovasculaires.

"Il est toujours préférable d'adopter de bonnes habitudes de vie pour prévenir les maladies coronariennes, mais il n'est jamais trop tard pour mieux s'alimenter et pour être plus actif, conclut Marie-Eve Piché. Peu importe la condition dans laquelle nos sujets se trouvaient au début de l'étude, l'intervention leur a procuré des bienfaits qui ont amélioré leur capacité physique et qui ont diminué les risques de récidive de problèmes cardiaques."

Les auteurs de l'étude parue dans Metabolic Syndrome and Related Disorders sont Marie-Eve Piché, Paul Poirier, André Marette, Patrick Mathieu, Valérie Lévesque, Karine Bibeau, Éric Larose et Jean-Pierre Després.
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