Luke Knibbs, Caroline Duchaine et Congrong He avec quelques modèles d'aspirateur testés en laboratoire. Les aspirateurs peuvent émettre des millions de bactéries et des milliards de particules à la minute.
Vous pensez améliorer la propreté de votre résidence en donnant un petit coup d'aspirateur ? Une étude portant sur la quantité de bactéries et de poussières émises par ces appareils pourrait vous faire voir les choses autrement. En effet, des tests effectués en laboratoire montrent que les aspirateurs peuvent émettre, chaque minute, des dizaines de milliards de particules ultrafines et des centaines de milliers de bactéries. Et on ne parle ici que de ce qui sort directement de l'appareil sans tenir compte de ce qui est remis en suspension dans la pièce.
Caroline Duchaine, du Département de biochimie, de microbiologie et de bio-informatique de l'Université Laval au Canada, et les chercheurs Luke Knibbs, Congrong He et Lidia Morawska, de l'Université de Queensland en Australie, ont testé 21 modèles d'aspirateurs dans une soufflerie équipée d'instruments permettant de capter et de quantifier les particules et les bactéries émises dans l'air. Avant les tests, l'enceinte de la soufflerie était pratiquement exempte de poussières de sorte que les données représentent ce qui sort véritablement de la bouche des aspirateurs testés.
Pour reproduire le plus fidèlement possible les conditions réelles d'utilisation, les chercheurs ont emprunté des aspirateurs appartenant à des membres de leur entourage et ils les ont testés sans vider le sac à poussière au préalable. Ces appareils avaient de 6 mois à 22 ans d'usure et leur coût d'achat allait de 75 $ à 800 $.
Les résultats des tests, publiés dans un récent numéro de la revue
Environmental Science & Technology, indiquent une grande variabilité dans le nombre de particules et de bactéries émises par les aspirateurs. Certains modèles en émettent jusqu'à cinq fois plus que d'autres. L'abondance des particules ultrafines (dont la taille est inférieure à 0,1 micromètre) va de 4 millions à 110 milliards à la minute. Ces minuscules poussières, composées essentiellement de carbone et de cuivre, proviendraient de l'usure du moteur. "La qualité des composantes semble déterminante dans la quantité de particules émises, souligne Caroline Duchaine. Les aspirateurs bon marché en émettent davantage que les modèles luxueux."
Quant aux bactéries, leur abondance peut atteindre 740 000 à la minute. Elles s'échapperaient des sacs à poussière qui en contiennent, en moyenne, 16 millions par gramme de poussière. Les bactéries pourraient survivre jusqu'à deux mois dans un tel environnement. Il n'y aurait toutefois pas de lien entre l'abondance des bactéries à l'intérieur du sac et le nombre de bactéries émises par l'aspirateur. "C'est la capacité des composantes de l'aspirateur à retenir de façon étanche le contenu du sac qui semble en cause", explique Caroline Duchaine.
Malgré le volume impressionnant de particules et de bactéries émises par un aspirateur en marche, n'espérez pas obtenir un billet du médecin pour vous dispenser de la corvée du ménage. Aucune étude scientifique n'a encore établi de lien entre les aspirateurs et la dissémination de bactéries pathogènes. Même chose du côté des particules ultrafines, même si on les soupçonne de participer aux processus inflammatoires qui conduisent à certaines maladies pulmonaires et cardiaques.
Que faire alors ? Caroline Duchaine recommande aux personnes qui utilisent l'aspirateur comme outil de travail quotidien et aux obsédés du ménage - catégorie dans laquelle elle s'inclut - de ne pas hésiter à mettre le prix qu'il faut pour acquérir un appareil de qualité. "Si vous vous souciez de la qualité de l'air dans votre maison, ça vaut la peine d'investir dans un bon aspirateur."