La Commission européenne présente un document de travail de ses services qui vise à servir de base à un débat sur les moyens de lutter plus efficacement contre la menace croissante pour la santé publique que constitue la résistance aux antimicrobiens. Chaque année, dans l'Union européenne, quelque 25 000 patients décèdent d'infections provoquées par des micro-organismes qui ont développé une résistance aux médicaments antimicrobiens. On estime également que les dépenses de soins de santé et les pertes de productivité entraînées par la résistance aux antimicrobiens représentent un coût annuel de 1,5 milliard d'euros
(1) . Le document de la Commission donne un aperçu des actions déjà entreprises par l'Union européenne pour s'attaquer à ce problème, et relève les domaines dans lesquels une réflexion plus approfondie contribuerait à la mise en place de solutions concrètes. La conclusion de ce document est qu'il est nécessaire, en dépit des progrès accomplis à certains égards, de prendre des mesures supplémentaires en vue d'améliorer l'évaluation et la maîtrise de la résistance aux antimicrobiens.
M me Androulla Vassiliou, commissaire européenne à la santé, a déclaré: "Au fil des années, les microbes ont évolué et sont devenus plus résistants, de sorte que les traitements disponibles ont perdu de leur efficacité. On observe un retour en force de maladies graves que l'on croyait maîtrisées. Le document publié le 18 novembre 2009, à l'occasion de la Journée européenne de sensibilisation au bon usage des antibiotiques, donne amplement matière à réflexion. Il jette les bases d'un débat ouvert qui débouchera, je l'espère, sur des moyens concrets de lutte contre la résistance aux antimicrobiens, devenue l'un des risques les plus graves pour la santé publique en Europe."
Action de l'UE
Le document de travail trace les grandes lignes de l'action menée par l'UE en ce qui concerne la surveillance de la résistance aux antimicrobiens, ainsi que l'évaluation et la gestion des risques dans ce domaine. Il met en lumière la complexité du problème et ses liens avec la santé publique, la lutte contre les zoonoses et leur éradication, la santé et le bien-être des animaux, ou encore les activités de recherche.
Parmi les actions touchant spécifiquement à la médecine humaine, le document souligne que la Commission a financé plusieurs projets européens de surveillance qui ont permis d'obtenir des données précieuses et comparables sur le fardeau des maladies et de la résistance dans toute l'Europe. En matière de sécurité alimentaire et de médecine vétérinaire, la législation communautaire proscrit l'utilisation de produits antimicrobiens à usage vétérinaire en tant que méthode spécifique de lutte contre les salmonelles chez les volailles et contre la tuberculose chez les bovins.
Par ailleurs, le document fait observer que la Commission européenne a accordé une priorité élevée à la recherche et y a investi plus de 200 millions d'euros au cours des dix dernières années, par l'intermédiaire de ses programmes-cadres.
Base de réflexion
Dans le domaine de la gestion des risques en médecine humaine, la Commission est favorable à une réflexion sur l'adoption d'une stratégie et de plans d'action ainsi que sur l'établissement de mécanismes de coordination intersectorielle dans tous les États membres. S'agissant de la lutte contre les zoonoses, elle souhaiterait que l'on étudie les moyens de garantir une utilisation prudente des antimicrobiens dans l'élevage et que l'on réfléchisse à des interventions ciblées portant sur les règles relatives à l'absence d'agents zoonotiques résistants dans les denrées alimentaires.
En ce qui concerne les activités de surveillance en médecine humaine, le document évoque la possibilité d'améliorer le système de surveillance de la résistance aux antimicrobiens et de l'utilisation des antimicrobiens, ainsi que l'accès aux données et à l'information.
Le document, qui aborde également des questions de communication, indique qu'il serait utile de formuler des idées sur les moyens de mieux sensibiliser le grand public à ce problème et d'améliorer la prise de conscience et la formation des professionnels de la santé en médecine humaine et vétérinaire.
La Commission souligne que le document de travail de ses services ne représente pas sa position officielle et que les idées exprimées ne préjugent en rien de la forme et du contenu de toute proposition qu'elle présenterait dans l'avenir.
Contexte
Les agents antimicrobiens jouent un rôle essentiel dans la médecine humaine et vétérinaire ou en tant que désinfectants, antiseptiques et produits d'hygiène. Leur découverte a fait reculer considérablement la menace représentée par diverses maladies infectieuses.
Toutefois, au fil des années, les microbes ont évolué et sont devenus résistants à certains médicaments antimicrobiens. Aujourd'hui, cette résistance s'observe principalement dans les infections nosocomiales, les infections de l'appareil respiratoire, la méningite, les maladies diarrhéiques et les infections sexuellement transmissibles. Les microbes résistants ou les facteurs de résistance peuvent passer de l'animal à l'homme via la chaîne alimentaire ou par contact direct.
Depuis les années 90, époque à laquelle la résistance aux antimicrobiens a été reconnue comme une grave menace pour la santé publique, la Commission a lancé différentes initiatives et a mis au point des outils destinés à contrôler l'efficacité de ces actions. En juin 2008, le Conseil "Santé" a adopté des conclusions sur la résistance aux agents antimicrobiens dans lesquelles il a invité la Commission à promouvoir la coopération mutuelle entre toutes les directions générales et les agences concernées, et à faciliter la coopération entre les États membres sur tous les aspects en rapport avec la résistance aux antimicrobiens.
Le texte intégral du document de travail des services de la Commission est disponible à l'adresse suivante:
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Note:
(1) Estimations EMEA/ECDC reposant sur les bactéries les plus fréquemment isolées dans les hémocultures en Europe.