Adrien - Lundi 5 Février 2024

La Lune rétrécit, et c'est problématique pour les futures missions habitées Artemis

Les futures missions lunaires, telles qu'Artemis, ne se contentent pas de viser la Lune, elles envisagent d'y établir des bases durables. Mais un élément crucial vient s'ajouter à la liste des défis à relever: les moonquakes, ou tremblements de lune, et les glissements de terrain lunaires.


Mosaïque du groupe de Wiechert d'escarpements lobés près du pôle sud. Un escarpement coupe en travers un cratère dégradé d'environ 1 km.

Les scientifiques, en examinant la région polaire sud de la Lune, proche du site d'atterrissage prévu pour Artemis 3 en 2026, ont mis en évidence des lignes de faille. Ces dernières ont été associées à un important moonquake survenu il y a environ 50 ans. En 1973, des sismomètres apportés par certaines missions Apollo ont enregistré un puissant moonquake en provenance de cette région. Plus tard, l'Orbiteur de Reconnaissance Lunaire a survolé le pôle sud et a décelé un réseau complexe de lignes de faille.


Ces découvertes enrichissent notre compréhension des moonquakes. À bien des égards, ils sont similaires aux tremblements de terre terrestres, provoqués par le déplacement de failles. Sur la Lune, ces failles sont le résultat de plis formés à la surface alors que la Lune se contracte, un peu comme un raisin se ratatinant, suite au refroidissement de son volume intérieur au fil des millions d'années.

L'un des moonquakes les plus forts jamais enregistrés par l'Expérience Sismique Passive Apollo a eu son épicentre localisé dans cette région polaire. Cependant, son emplacement exact reste incertain. L'utilisation de modèles spéciaux a permis de délimiter une zone probable pour cet épicentre, qui englobe de nombreux sites d'atterrissage envisagés pour Artemis III.


Distribution des épicentres relocalisés du N9 SMQ, un tremblement de lune spécifique. Ces épicentres, visualisés par des points magenta et un polygone bleu clair, sont répartis près du pôle lunaire. Cette répartition est calculée grâce à un algorithme conçu pour des réseaux sismiques peu denses. L'emplacement original de l'épicentre est marqué par un petit point bleu, faisant référence à une étude de Watters et al. en 2019. Des boîtes bleues indiquent les zones envisagées pour les atterrissages d'Artemis III. Enfin, les escarpements de faille en chevauchement lobés, importants pour comprendre la géologie lunaire, sont représentés par de petites lignes rouges.

La surface lunaire, composée de particules relâchées, est sensibles aux impacts, rendant les moonquakes encore plus propices à déclencher des glissements de terrain que les tremblements de terre. Par exemple, les parois du cratère Shackleton, connu pour sa glace, sont vulnérables aux glissements de terrain.

Ainsi, alors que nous nous rapprochons de la réalisation des missions Artemis avec équipage, il est crucial de planifier l'arrivée de femmes et d'hommes en tenant compte de l'instabilité potentielle du sol lunaire. Les recherches actuelles visent à préparer des structures capables de résister à l'activité sismique lunaire et à protéger les astronautes dans les zones à risque.
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